LONDRES - Des manifestations de rues d'une ampleur sans précédent, une hausse record du chômage, des émeutes qui embrasent plusieurs villes durant l'été, l'année 2011 en Angleterre aura été sans conteste, une année de revendications politiques, sociales et économiques et de profonds conflits syndicats/gouvernement sur fond de détérioration du niveau de vie des citoyens. Au cours de l'année qui s'achève, les Britanniques ont ressenti durement l'impact des réductions des dépenses publiques décidées par le gouvernement afin de réduire le déficit à l'horizon 2015. Ils avaient pourtant placé leurs espoirs dans la coalition Conservateurs-Libéraux démocrates, portée au pouvoir il y a 18 mois. L'inflation est au plus haut niveau avec un taux de 4,8%, le chômage atteint des niveaux record depuis 17 ans, notamment parmi les jeunes. Plus de 2,6 millions de Britanniques sont sans emploi et la population s'attend au pire avec plus de cent mille postes à supprimer dans le secteur public au cours des prochaines années. Le niveau de vie se dégrade à telle enseigne que les stigmates du plan d'austérité imposé par le gouvernement sont aujourd'hui perceptibles dans la rue : des ordures non ramassées, des bibliothèques fermées par manque de fonds et des transports scolaires supprimés, sans mentionner la baisse de qualité des prestations dans le secteur de la santé ou des foyers restés dans le froid en plein hiver, en raison de la hausse des factures d'énergie. Les émeutes qui ont secoué plusieurs villes d'Angleterre en aout, ont fait éclater au grand jour le mal-être d'une jeunesse marginalisée et sans espoir au sein d'une société fracturée par les disparités sociales. La scène politique a été aussi secouée par l'onde de choc produite par le scandale médiatique avec l'affaire Murdoch et les écoutes téléphoniques. Cette affaire a éclaboussé des personnalités politiques de haut rang. Autre fait qui a fait polémique, l'intervention de la Grande Bretagne en Libye dans le cadre de la force de coalition de l'Otan, de mars à octobre. Une guerre loin d'avoir fait l'unanimité au sein de l'opinion publique au Royaume-Uni et dans l'opposition qui reprochait aux dirigeants de ne pas se consacrer à l'essentiel, c'est-à-dire améliorer le sort des couches sociales défavorisées avec les dizaines de millions de livres dépensées en Libye. 2011 a été également marquée par l'amorce du retrait des troupes britanniques d'Afghanistan qui coïncide avec le retrait des troupes américaines, précipités par la mort de Ben Laden. La Grande Bretagne qui compte environ 9.500 soldats en Afghanistan, entend accélérer dès 2012, le rythme de rapatriement de ses troupes présentes dans ce pays depuis une décennie. L'autre événement international majeur a été le véto du Premier ministre David Cameron imposé en décembre au nouveau traité de l'UE qui a permis au locataire du 10 Downing Street de rehausser son image au Royaume Uni. Aujourd'hui, 62 % des Britanniques sont en faveur du véto et ce taux reflète l'accueil chaleureux reçu par le Premier ministre par les eurosceptiques au sein du parti des Conservateurs, au lendemain de cette décision. Le "no" de Londres à l'égard de Bruxelles ouvre l'appétit des eurosceptiques, de plus en plus nombreux à demander au gouvernement, la tenue d'un référendum sur l'adhésion de la Grande Bretagne à l'UE, faisant fi des déclarations du Premier ministre qui éloigne cette éventualité, soutenant que "l'avenir du Royaume Uni reste au sein du marché unique". L'année qui s'annonce sera déterminante pour l'avenir de la Coalition. Les fissures apparues entre Conservateurs et libéraux démocrates au sujet de l'immigration et surtout de l'Europe, risquent de s'aggraver au sein du gouvernement qui devrait subir en 2012, une pression croissante des eurosceptiques et qui, en même temps, devra calmer un front social de plus en plus frondeur. A l'annonce de la formation de la Coalition, les Britanniques se demandaient si les Conservateurs et Libéraux démocrates allaient faire bon ménage au sein du gouvernement. La question qu'ils se posent aujourd'hui est de savoir "jusqu'à quand tiendra la coalition".