ORAN - Le cinéma algérien doit s'intéresser "davantage" à la société, a estimé le réalisateur et producteur Djamel Azizi, à l'occasion de la présentation de son film "Le dernier safar" mercredi soir à la Cinémathèque d'Oran. "Les cinéastes algériens gagneraient à mettre davantage en relief le vécu du citoyen", a indiqué le cinéaste dans un entretien à l'APS en marge de la projection de sa toute dernière œuvre, en avant-première pour le public oranais. Pour ce réalisateur, le regard des intervenants du 7ème Art a été trop longtemps orienté du Sud vers le Nord, alors que la "véritable richesse est dans le sens inverse, là où l'on sent la terre et la vie de l'Algérien". Formé au journalisme audiovisuel avant de suivre une formation de réalisateur parachevée par des études supérieures en cinéma puis en sociologie, Djamel Azizi a entamé son parcours artistique en 1993 par des courts-métrages des genres fiction (La Colombe), documentaire (Retour péplum, Baby-sitting), dramatique (Message d'Alger) et musical (Le blouson vert). En 2002, il se fait connaître à travers son documentaire "Transporteurs de bonheur", où il partage onze jours durant la traversée des routiers de la Société nationale des transporteurs (SNTR) qui approvisionnaient en eau potable les populations des zones enclavées de l'extrême Sud du pays. La problématique de l'eau lui inspirera la réalisation, en 2007, de la fiction documentaire "Transporteurs de rêve", focalisée sur l'attente des villageois et leur bonheur à la vue du camion magique. L'humanisme et la tolérance sont omniprésents dans les œuvres du cinéaste qui a en 2004 consacré son premier long-métrage, "Prophète en son pays", à l'histoire d'une femme artiste-peintre dont la quête de reconnaissance sociale se heurte aux préjugés des hommes. Sa dernière création, "Le dernier safar", a séduit le public oranais qui a pris plaisir à suivre les traces de Salah, un vieux projectionniste dans une salle de cinéma à Alger, poussé à la retraite et qui décide de ne pas laisser tomber le métier qu'il aime. Cette œuvre vient logiquement confirmer sa passion dans ce registre qui lui permet, à l'appui de sa sensibilité et de son talent, de s'engager davantage en jetant un regard à la fois poétique et critique sur la société. Ce film est entré en compétition en 2010 dans plusieurs festivals internationaux à l'instar du Maghreb des Films (Paris, France), de la Mostra de Valence (Espagne), du Festival du Film Arabe (Fameck, France), des Films du monde (Montréal, Canada) et du Cinéma d'auteur (Rabat, Maroc). Malgré cette reconnaissance internationale, Azizi dira être plutôt préoccupé de la méconnaissance de ses œuvres par le public algérien, déplorant à cet égard qu'aucun de ses produits n'ait été acheté par l'organe concerné, "sous prétexte qu'ils ne cadraient pas avec ce qui était recherché". Le cinéaste a annoncé, en outre, son nouveau projet de film, du genre policier qu'il prévoit de réaliser à Alger, ayant pour toile de fond une enquête autour du trafic de drogue. Ce projet qui est soutenu par le ministère de la Culture, évolue actuellement au stade du montage financier en vue de sa production, a-t-il dit.