La cohésion dans le Maghreb est un objectif "en devenir" auquel il faudra accorder une attention "prioritaire", a estimé le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, dans un entretien accordé au mensuel Arabies dans son édition du mois de mars. "La cohésion dans le Maghreb est un objectif en devenir auquel il nous faudra accorder une attention prioritaire", a déclaré M. Medelci qui a rappelé, dans ce cadre, la visite effectuée récemment à Alger par le ministre marocain des Affaires étrangères lors de laquelle, "nous avons eu, a-t-il rappelé, des entretiens très chaleureux, porteurs d'espoir pour toute la région". "Ce qui importe dans notre environnement régional immédiat est l'intégration et je pense que nous sommes bien partis pour remettre les choses en place", a indiqué le ministre. Interrogé sur les victoires des partis politiques islamistes lors des élections tenues au Maroc et en Tunisie, M. Medelci a fait remarquer que ces partis "sont légaux et élus par leurs peuples respectifs". "Nous avons salué la réussite de ces élections et exprimé le souhait qu'elles puissent baliser la voie à suivre pour ces deux pays frères afin qu'ils sortent des impasses politiques dans lesquelles ils se trouvaient et qu'ils parviennent à une réelle prospérité de leurs populations", a-t-il ajouté. Le chef de la diplomatie algérienne, qui a rappelé qu'un parti de tendance islamiste participait depuis plus de douze ans au gouvernement en Algérie, a souligné que chaque pays de la région "a ses spécificités économiques et culturelles, ses propres références historiques et sociologiques". "Le multipartisme est une réalité et la démocratie est en cours de construction dans nos pays. Nous sommes en contact avec nos homologues des pays voisins et je peux vous dire que nous sommes animés du même désir, que nous sommes d'accord pour élargir notre coopération afin de poursuivre la construction de l'espace maghrébin", a-t-il ajouté. Par ailleurs, M. Medelci a affirmé que le plus grand défi auquel la région du Maghreb pouvait être confrontée "est la menace terroriste, qui porte atteinte à la paix et à la prospérité des peuples". "C'est pourquoi l'Algérie n'épargne aucun effort afin d'éradiquer ce fléau en coopération avec l'ensemble des pays de la région", a poursuivi le ministre, qui a rappelé la tenue à Alger en septembre dernier d'une conférence internationale sur le partenariat dans les domaines de la sécurité et du développement entre les pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie, Niger) et les partenaires extra-régionaux comme les Etats-Unis et l'Union européenne. M. Medelci a réfuté, en outre, la thèse selon laquelle "l'organisation terroriste +AQMI+ serait composée majoritairement de terroristes algériens". "Ce n'est pas parce que quelques chefs sont d'origine algérienne que cette organisation terroriste est composée d'une majorité d'Algériens, d'autant qu'elle se revendique elle-même d'une portée internationale et que sa composante est multinationale", a-t-il dit. Interrogé sur la position de la diplomatie algérienne par rapport aux révoltes dans certains pays arabes, M. Medelci a réaffirmé qu'il n'était pas dans les traditions de la diplomatie algérienne, ni dans les coutumes du droit international, d'émettre des jugements de valeur sur des événements survenant dans des pays souverains. "Je crois que nous nous sommes exprimés au moment adéquat à la suite de chaque événement. Certains trouvent que la discrétion avec laquelle notre diplomatie a l'habitude de travailler équivaut à un silence, alors que c'est la résultante d'un respect profond que nous portons à chacun de ces peuples qui ont choisi de tracer leur chemin", a-t-il expliqué. "Ne voulant pas que l'on s'immisce dans nos affaires internes, nous nous abstenons également de le faire dans les affaires intérieures des pays souverains, aussi proches soient-ils. C'est là une des constantes fondamentales de la diplomatie algérienne", a-t-il encore rappelé.