La conclusion des Accords d'Evian, le 19 mars 1962, a permis au peuple algérien de mettre fin au plan de division de son territoire national que les autorités colonialistes voulaient imposer au Front de libération nationale (FLN), a indiqué, Belaid Abdeslam, membre de l'exécutif provisoire, pour le FLN, chargé des questions économiques. M. Abdeslam a affirmé, dans un entretien accordé à l'APS, à la veille du 50ème anniversaire des Accords d'Evian, que c'était Charles de Gaulle qui était derrière le renforcement de l'effort de guerre de la France en Algérie afin, a-t-il expliqué, "d'écraser militairement la Révolution algérienne et imposer un plan de division du territoire algérien". C'est dans ce contexte qu'il faut placer les Accords d'Evian, a-t-il estimé, précisant que c'est grâce à ces accords que le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), "avait permis au peuple algérien d'enterrer le plan de partition de l'Algérie et d'imposer l'indépendance totale et l'intégrité du territoire national". Ces accords constituent, pour M. Abdeslam, "le véritable type de compromis révolutionnaire, arraché par le peuple algérien après un combat acharné contre le colonialisme". "Le FLN était arrivé, lors de l'échéance des négociations, à une étape où les objectifs de la Révolution étaient atteints", a-t-il estimé, rappelant que le déclenchement de la guerre de libération visait "à créer l'insécurité et à rendre l'Algérie ingouvernable pour la France". Pour l'ancien ministre de l'énergie de l'Algérie indépendante, le FLN avait fait le "maximum" à cette époque, "en généralisant l'insécurité sur le territoire national et en réussissant à internationaliser la question algérienne". Hommage à Krim Belkacem, un négociateur habile et courageux C'est dans ce cadre que M. Abdeslam a rendu hommage au chef de la délégation du GPRA, lors des négociations d'Evian, le défunt Krim Belkacem qui était aussi vice-président du GPRA. "Dans une négociation, celui qui a le pouvoir de négocier est celui qui peut dire oui", a-t-il souligné à l'adresse de ceux qui accusaient la délégation du GPRA et son chef Krim Belkacem d'avoir fait des "concessions". "Au cours d'une négociation, il faut savoir céder quelque chose à l'adversaire, sans pour autant toucher à l'intégrité territoriale", a dit M. Abdeslam. "Un chef doit avoir suffisamment de courage, de poids et d'autorité politique pour dire +Oui+ sur certaines questions importantes", a-t-il estimé, ajoutant que "c'est ce que Krim Belkacem avait fait". Pour ce membre de l'exécutif provisoire, "Krim Belkacem connaissait ses limites", c'est pour cela, a-t-il expliqué, qu'il faisait confiance à ses collaborateurs lors des négociations. A Lugrin (avant dernière étape des négociations d'Evian), raconte M. Abdeslam, lorsque les négociations avaient buté sur la question du Sahara algérien, la délégation algérienne avait pris ''la décision de quitter la table des négociations''. Louis Joxe, le chef de la délégation française, avait demandé à s'entretenir ''en tête à tête avec Krim Belkacem'', pour lui dire que ''la France offrait le nord de l'Algérie au FLN et la paix, tout en gardant le Sahara''. Lors de la deuxième rencontre, Krim Belkacem avait appuyé les propos de Saad Dahlab qui avait dit à Louis Joxe que la France demandait trop, en voulant à la fois ''la paix, tout en œuvrant à imposer sa souveraineté sur le Sahara algérien''. "Krim Belkacem était un grand chef, il a su comprendre que dans certaines situations particulières, il faut savoir laisser dÆautres agir", a-t-il soutenu. S'agissant de la mise en œuvre des dispositions des Accords, du moins sur leur volet relatif au maintien de l'ordre et au statut des pieds-noirs, il a indiqué que l'Organisation de l'armée secrète (OAS) ''voulait remettre en cause, dès le départ ces Accords, en recourant aux attentats terroristes''. Pour lui, le sort de la minorité d'origine européenne fut scellé à ce moment et la responsabilité de leur départ de l'Algérie incombait "entièrement" à l'OAS. Il a indiqué, à ce sujet, que le GPRA considérait que "la France n'avait pas entièrement assumé ses engagements", à savoir le maintien de l'ordre, une mission qui lui incombait directement. "Le problème de l'OAS est un problème propre aux autorités françaises", a-t-il soutenu. C'est dans ce contexte qu'il a évoqué le rôle de l'exécutif provisoire du Rocher noire (Boumerdes), cette instance, a-t-il précisé, était appelée à gérer une période de transition de 3 à 6 mois, avant d'organiser un référendum d'autodétermination. Finalement, a souligné M. Abdeslam, l'Exécutif provisoire s'était acquitté de sa mission en 3 mois, en organisant un référendum d'autodétermination qui avait, a-t-il dit, mis un terme au ''rêve du gouvernement français de marginaliser le FLN et imposer à l'Algérie une administration gérée par des hommes proches de l'ancienne puissance coloniale''.