La décision de la chambre d'accusation lue mercredi au tribunal criminel près la Cour d'Alger a confirmé le non enregistrement de 1957 chèques durant la période 2004-2005 provoquant pour la Banque nationale d'Algérie (BNA) un trou financier de plus de 21 milliards DA, retiré au profit de la société "Nationale A+" de Achour Abderrahmane. Selon l'arrêt de renvoi dont la lecture s'est poursuivie au deuxième jour du procès, Achour Abderrahmane et 25 autres accusés, dont des cadres de la BNA, les dysfonctionnements concernent "1957 chèques bancaires d'un montant de plus de 21 milliards de DA qui n'ont pas été enregistrés dans les transactions entre les agences de la BNA de Cherchell et Bouzaréah, déboursés au profit de la société "Nationale A+" spécialisée dans les travaux publics, durant la période 2004-2005". Ces dysfonctionnements résident dans le dépôt, par Achour Abderrahmane, de chèques à l'encaissement à l'agence de Bouzaréah qui les a envoyés, à son tour, à l'agence de Cherchell pour vérification du compte du bénéficiaire avec avis de sort, sachant que le bénéficiaire est une seule et même personne, selon l'arrêt de renvoi. Lorsque l'avis parvient à l'agence de Cherchell, souligne la même source, cette dernière retourne les chèques avec avis de sort sans mention de paiement. Ces chèques ont continué à faire des aller-retour entre les deux agences de 2004 à 2005 jusqu'à atteindre 1957 chèques découverts au niveau de l'agence de Cherchell en octobre 2005. Selon l'arrêt de renvoi, le but était la non régularisation de ces opérations tout en garantissant la non dénonciation de ces détournements. L'arrêt de renvoi relève de graves lacunes dans le système interne de contrôle et informatique des agences de la BNA, ainsi que dans le système outre un manque de ressource humaine ce qui a compliqué davantage la mission du commissaire aux comptes. Les faits remontent, selon l'arrêt de renvoi, à 2005 lorsqu'une lettre anonyme est parvenue à la direction de la banque nationale sur la manipulation de chèques bancaires sans vérification comptable depuis 2004 par l'accusé Achour Abderrahmane. L'arrêt de renvoi ajoute que suite à cette situation, la BNA a déposé une plainte contre les nommés "T. Amar", directeur de l'agence de Bouzaréah, "B. Mustapha", directeur de l'agence de Cherchell, et "B. Ali", directeur de l'agence de Kolea, pour détournement de deniers publics et falsification d'écritures ancaires. La même source indique que Achour Abderrahmane a créé 10 sociétés fictives avec ouverture de comptes commerciaux au niveau des agences de Bouzaréah, de Cherchell et de Kolea. Ce dernier a détourné des deniers publics avec la complicité des directeurs de ces agences et certains cadres, alors que sa secrétaire Hassiba Merabi était chargée du transfert des fonds à partir des agences. Une importante partie des fonds dilapidés a été transférée au Maroc où le prévenu a acheté une briqueterie et une imprimerie moderne. Le procès de Achour et des autres accusés devrait durer plusieurs jours, en attendant d'audition de près de 30 témoins. Ils sont accusés "d'association de malfaiteurs et de détournement de deniers publics, d'escroquerie, d'émission de chèques sans provisions, de faux en écritures bancaires et de négligence flagrante entraînant dilapidation des deniers publics".