Le président de la société algérienne d'ophtalmologie M. Amar Ailem a estimé jeudi à Alger à 400.000 le nombre de personnes atteintes de glaucome en Algérie. "La moitié des cas seulement suivent un traitement spécialisé", a affirmé Pr Ailem lors du colloque national d'ophtalmologie dont les travaux durent jusqu'à samedi, appelant à un dépistage précoce de cette maladie qu'il a qualifiée de "silencieuse" car aucun signe n'alerte le malade, ni rougeur, ni douleur ni hypotension oculaire. Pr Ailem a appelé à consulter un spécialiste pour un dépistage précoce dès l'âge de 40 ans à l'apparition de la presbytie dans un but de prévention. Le glaucome qui touche 70 millions de personnes, dont 7 millions sont aveugles, est le deuxième facteur de cécité dans le monde. Les participants à ce colloque ont insisté sur le syndrome de l'oeil sec très répandu chez les femmes ménopausées et qui se manifeste par une sensation de grains de sable dans l'oeil. Parmi les manifestations graves de ce syndrome la sécheresse superficielle qui touche la cornée et provoque des états de déficience visuelles graves. S'agissant du traitement le spécialiste a cité les larmes artificielles et le port de lunettes anti UV en été. Concernant la prise en charge de la cataracte en Algérie, Pr Ailem a indiqué que l'Algérie a franchi de grands pas dans le domaine grâce à la dotation du secteur public d'équipements techniques en 2008. A propos de la greffe de la cornée qui était pratiquée au CHU Mustapha Pacha, le spécialiste a précisé qu'elle est effectuée, ces dernières années, dans 13 CHU en utilisant des cornées importées des Etats-Unis. Il a imputé le recours à l'importation de la cornée à son indisponibilité en Algérie car elle n'est prélevée que sur des cadavres, soulignant, à ce propos, la loi sur la santé de 1985 qui constitue "un obstacle" car elle impose des conditions rigoureuses qui rendent difficile le prélèvement d'organes sur cadavres et leur transplantation. Afin que la cornée préserve sa transparence et reste translucide à la greffe, Pr Ailem a affirmé que son prélèvement sur cadavres doit se faire durant les premières heures qui suivent le décès. Il est impossible, dans les conditions actuelles, a-t-il dit, de demander à un proche de la personne décédée le prélèvement d'organes sur le cadavre immédiatement après le décès, précisant que "la société n'est pas encore prête à ce type d'opérations". La société algérienne d'ophtalmologie oeuvre inlassablement à changer la loi sur la santé de 1985 "inadéquate avec les développements que vit la société", selon Pr Ailem qui a affirmé son souci d'encourager le prélèvement et la greffe d'organes en Algérie.