Une coalition d'Ong a déposé mercredi en France une plainte mettant en cause l'armée française pour "non-assistance à personne en danger" suite à la mort, il y a un an au large de la Libye, de 63 migrants fuyant la guerre dans ce pays. Selon ces Ong, cette affaire est un "symbole de l'indifférence de l'Europe envers les réfugiés" et la plainte déposée contre X, avec des survivants du naufrage devant le Tribunal de grande instance de Paris, vise à fustiger une "omission de porter secours à personnes en péril". "Il appartiendra à la justice française de faire la lumière sur la responsabilité de l'armée française qui, engagée en Libye pour protéger les populations civiles, a omis de se porter au secours de ces exilés", affirment-elle dans une déclaration commune. Pour les signataires de la plainte, les forces armées françaises, ayant nécessairement reçu les messages de détresse, ont "manqué à leurs obligations internationales et nationales de protéger la vie, tout particulièrement la vie en mer". "Le mépris et l'indifférence réservés aux personnes qui tentent de gagner l'Europe pour sauver leur vie sont intolérables", ont-ils ajouté, rappelant que la Cour européenne des droits de l'Homme l'a récemment affirmé avec force dans un arrêt du 23 février 2012. "Nos organisations, qui soutiennent les survivants de cette tragédie, attendent de la justice pénale française qu'elle sanctionne la violation de l'obligation de porter secours à personnes en péril, et considèrent que rien ne peut justifier qu'on laisse impunément mourir en toute connaissance de cause un être humain en détresse", ont soulignent les signataires de la plainte. Mars 2011, le chaos s'installe en Libye et des milliers d'étrangers sont contraints de fuir le pays pour échapper aux violences. Parmi eux, 72 personnes d'origines éthiopienne, érythréenne, nigérienne, ghanéenne et soudanaise, embarquent dans la nuit du 27 mars à bord d'un zodiac à destination de l'Italie. Quelques heures après leur départ, un avion de patrouille français survole leur bateau et le signale aux gardes-côtes italiens. Leur périple se transforme très rapidement en cauchemar et 63 migrants, dont 20 femmes et trois enfants, trouveront la mort, quinze jours plus tard, faute de secours. Une coalition d'associations de défense des droits de l'homme avait réclamé fin mars dernier une réponse "claire" de l'Otan sur le décès des 63 migrants. Dans des lettres communes adressées à l'OTAN ainsi qu'à certains de ses Etats membres dont la France, ces associations estiment que les tragiques pertes en vies humaines en Méditerranée au cours de l'année 2011 exigent des efforts concertés pour "enquêter et pour empêcher que de telles tragédies ne se reproduisent à l'avenir".