La situation, qui prévaut à la frontière entre le Soudan et le Sud Soudan, depuis mardi, s'achemine vers un autre conflit armé, ce qui a suscité d'innombrables réactions internationales appelant toutes à un retrait des troupes des zones de combat et au retour aux négociations. En effet, le Soudan a bombardé jeudi Bentiu, capitale de l'Etat du sud a confirmé le vice-ministre de l'Information, M. Atem Yaak Atem. Théâtre de violents affrontements entre les deux voisins depuis mardi, Bentiu, distante d'une soixantaine de km à peine de la frontière avec le Soudan, cette ville est située pile dans la zone d'Heglig, un champ pétrolier qui assure une large part de la production de brut du Nord, mais que le Sud revendique. Au même moment, le président sud-soudanais, Salva Kiir, annonçait devant son Parlement qu'il n'ordonnerait pas le retrait de son armée de la zone pétrolière contestée d'Heglig, prise mardi à l'armée soudanaise, rejetant ainsi les appels internationaux en ce sens. Le président soudanais, Omar el-Béchir, lui a accusé jeudi des puissances étrangères de manipuler le Soudan du Sud en le poussant vers "la voie de la guerre". "Nos frères au Soudan du Sud ont choisi la voie de la guerre, appliquant des plans étrangers dictés par des parties qui les soutenaient pendant la guerre civile", a-t-il déclaré à la presse, en référence à la guerre civile qui a duré de 1983 à 2005, faisant 2 millions de morts et qui a abouti en juillet 2011 à la partition du pays. Les combats dans les régions de Heglig et Tashwin ont commencé fin mars. Juba et Khartoum se sont alors livré des combats d'une ampleur sans précédent depuis l'indépendance du Sud, avec raids aériens, interventions de chars, artillerie lourde. Les réactions internationales à l'unanimité ont toutes appelé au retrait des troupes des zones de combat et au retour des béligérants aux négociations. Le Conseil de sécurité des Nations unies avait réagi mercredi en demandant aux deux belligérants de cesser les combats et de revenir à la table de négociations pour éviter que la situation ne dérape et a appelé le Soudan du Sud à retirer ses forces de la région pétrolière de Heglig Le même jour, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, se disait alarmé par l'escalade des combats entre les deux pays et les a appelés à cesser immédiatement les hostilités, à retirer leurs forces du territoire de l'autre et à éviter une nouvelle effusion de sang. Le chef de l'ONU a jugé "nécessaire que les deux gouvernements respectent l'intégrité territoriale de l'autre et garantissent que leur propre territoire ne soit pas utilisé pour fournir un soutien à des groupes rebelles'', avait déclaré son porte-parole à la presse. L'Union africaine (UA) à son tour avait exprimé sa "profonde inquiétude" après la reprise des combats et avait appelé le Soudan du Sud à retirer ses forces de la région pétrolière de Heglig. Enfin , les Etats-Unis avaient exprimé leur inquiétude face à la recrudescence des hostilités entre les deux pays et condamné leurs offensives militaires. Depuis l'indépendance du Soudan du Sud le 9 juillet 2011, le pétrole demeure une source de conflit majeure entre les deux voisins, Juba et Khartoum qui se disputent des zones riches en brut et ne parviennent pas à s'entendre sur les frais de passage que le Sud doit payer au Nord pour exporter sa production.