La poésie populaire de la période de la Révolution et post-indépendance doit être considérée comme "document historique", a affirmé dimanche un universitaire au cours du 1er séminaire national sur la vie et l'oeuvre du poète populaire Hadj Bouragaa (1903-1991). M. Ahmed Zeghab, de l'université d'El Oued, a estimé que les poètes populaires qui ont chanté la Révolution, ses hauts faits d'armes et ses grands hommes, ont prouvé un "haut sens du patriotisme" car, selon lui, "même des politiciens aguerris hésitaient alors à glorifier ceux que l'occupant taxait de fellagas". Le moment fort de l'indépendance a également été célébré par ces poètes qui ont ''immortalisé sur le vif'' l'immense joie suscitée par le recouvrement du peuple algérien de sa liberté, a ajouté cet universitaire, considérant que c'est "tout cela qui fait que le corpus poétique de cette phase doit être considéré comme document historique, outre sa dimension artistique intrinsèque". Il existait même, à cette époque, des poétesses, a ajouté M. Zeghab, citant le cas de Fatima Mansouri de la région d'El Oued dont les déclamations vantant le patriotisme et la bravoure des Moudjahidine incitaient les jeunes à rejoindre le maquis. Dressant le portrait de Bouragaa, le chercheur Djellal Khechab, de l'université de Souk Ahras, a souligné, de son côté, que ce poète, né à mechta Ennaacha dans la commune d'Ain Zana (Souk Ahras), était "quasiment sans niveau d'instruction". Jeune et démuni, il gardait les moutons pour survivre, selon cet universitaire qui a indiqué que c'est à cette période que lui fut accolé le sobriquet de Bouragaa (signifiant littéralement l'homme à l'habit rapiécé). Durant les années 1920, Bouragaa se dirigea, selon Khechab, vers la Tunisie en compagnie d'Ali Benbachir qui l'introduisit dans le monde de la musique et de la poésie après s'être aperçu de ses talents de chanteur doublé de poète. Une fois sa réputation établie, notamment parmi la diaspora algérienne à l'étranger, Bouragaa se rendit vers plusieurs villes françaises, dont Marseille, Grenoble, Nice, Lyon et Strasbourg avant de retourner dans son pays pour s'installer à Souk Ahras. Inscrit dans le cadre de la célébration du mois du patrimoine (18 avril-18 mai) et placé sous le slogan ''Patrimoine culturel et mémoire, pour ne pas oublier'', ce séminaire a réuni à la salle Miloud Tahri des universitaires et des hommes de lettres venus de plusieurs régions du pays ainsi que les autorités locales. Les participants à cette rencontre ont été invité à visiter l'exposition sur l'artisanat traditionnel sous les sons mélodieux des troupes folkloriques "Hadj Bouragaa" et "El Djorf".