L'historien Mohamed Korso a qualifié mercredi à Alger les massacres du 8 mai 1945 de "génocide" qui a duré toute une année, soit de mai 1945 à juin 1946. M. Korso, qui animait une conférence-débat à l'occasion de la commémoration de ces événements sanglants, a considéré que le terme "massacres", utilisé pour décrire et qualifier ce qui s'est passé durant cette période est "insuffisant" et "moins fort", plaidant pour l'utilisation du terme de "génocide", plus approprié, selon lui, pour décrire l'ampleur du crime colonial. "Le terme génocide est plus approprié et plus juste car actuellement il y a une guerre de terminologie au niveau académique entre les chercheurs et historiens algériens et français pour qualifier ce qui s'était produit durant cette période", a fait observer cet enseignant à l'université d'Alger. Se basant sur des témoignages et des récits, M. Korso a relevé que les colons français avaient mobilisé les différents corps d'armée pour réprimander les Algériens qui étaient sortis partager la joie des Européens, après la victoire des Alliés sur les nazis et les fascistes, lors de la deuxième guerre mondiale (1939-1945), après avoir combattu dans le même front avec les Français. Le 8 mai 1945, le forces coloniales "avaient commis des massacres en menant une guerre raciale contre les Algériens, tuant de manière sommaire et arbitraire et sans distinction aucune, entre hommes, femmes, enfants et vieillards", a-t-il déploré. M. Korso a également noté que le "génocide n'a pas duré une journée, mais toute un année, soit de mai 1945 à juin 1946", soulignant que "la presse et les rapports coloniaux de l'époque avaient évoqué le retour au calme en juin 1946". Il a ajouté que ces événements avaient une "portée nationale" dans la mesure où ils avaient pratiquement touché toutes les régions du pays, alors que les manifestations avaient atteint leur "summum" à Sétif. Par ailleurs, M. Korso a regretté qu'il y ait "moins" de publications et d'ouvrages sur le 8-Mai 1945, regrettant aussi qu'il y ait encore des "restrictions" empêchant les historiens algériens d'accéder aux archives. L'ancien président de la fondation du 8-Mai 1945 a également exigé de la France de se "repentir", rappelant que ce pays, au temps du président Jacques Chirac, avait présenté des excuses au peuple juif pour ce qui a été commis à l'époque du maréchal Pétain.