Des experts indépendants de l'ONU ont appelé lundi l'Union européenne à être à la tête des efforts pour l'adoption d'une taxe sur les transactions financières mondiales qui compenserait les coûts de la crise économique et protègerait les droits de l'homme. L'appel de ces experts de l'ONU intervient à l'approche du Sommet du G8 qui aura lieu les 18 et 19 mai à Camp David (Etats-Unis). Selon une estimation du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH), cette taxe rapporterait entre 48 milliards et 250 milliards de dollars par an, permettant de compenser les coûts des crises économique, financière, énergétique, climatique et alimentaire qui perdurent. ''Les pays de l'UE doivent maintenant faire preuve d'un leadership audacieux pour ouvrir la voie à ce qui devrait éventuellement être une TTF mondiale'', ont déclaré les experts de l'ONU, se félicitant des dernières propositions de l'UE pour mettre en œuvre la taxe sur les transactions financières dans la zone euro. ''Là où la crise financière mondiale a entraîné la perte de millions d'emplois, le transfert du poids de la dette privée vers les contribuables et des risques de régression en matière de droits de l'homme en raison des programmes d'austérité, une taxe sur les transactions financières (TTF) est un outil pragmatique pour fournir les moyens aux gouvernements de protéger et réaliser les droits de l'homme de leur peuple'', a déclaré la Rapporteuse spéciale sur l'extrême pauvreté et les droits de l'homme, Magdalena Sepulveda. ''Quand le secteur financier ne parvient pas à payer sa part, le reste de la société est obligé de payer la note'', a-t-elle déploré. En conséquence, a-t-elle préconisé, ''il est grand temps que les gouvernements réexaminent le rôle de redistribution de la fiscalité afin de s'assurer que les individus les plus aisés et le secteur financier contribuent de manière juste au fardeau fiscal''. Selon les experts, la TTF permettrait également de stabiliser les marchés financiers en décourageant la spéculation et en atténuant le type de volatilité qui a conduit aux crises financière et alimentaire de 2008. ''Les prix alimentaires ont grimpé dangereusement à deux reprises au cours des cinq dernières années, et cela pourrait facilement se reproduire'', a souligné le Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter. Selon lui, la TTF ''permettrait de réduire les flux de capitaux qui alimentent la spéculation, entraînent une instabilité des prix et causent des ravages au droit à l'alimentation dans le monde entier''. Pour sa part, le Rapporteur spécial sur la dette extérieure et les droits de l'homme, Cephas Lumina, a considéré que ''même si une TTF mondiale n'est pas une panacée, elle aiderait à soulager la charge de la dette souveraine découlant de la crise financière et à transférer le fardeau des citoyens ordinaires au secteur privé qui a causé la crise''. En outre, a-t-elle poursuivi, ''elle permet d'élargir de manière significative la marge de manœuvre fiscale des gouvernements pour procéder aux dépenses absolument nécessaires en matière économique et sociale''. La TTF fournira aux gouvernements une occasion d'aller au-delà de la simple rhétorique en matière de développement durable, a aussi insisté la Rapporteuse spéciale sur les droits de l'homme et la solidarité internationale, Virginia Dandan.