Ksar Lalla Fatma, site archéologique datant de l'époque Romaine, enfoui dans une forêt de chêne-liège, à proximité de l'agglomération frontalière de Oued Djenane (commune d'El Ayoun), dans la wilaya d'El Tarf, a fait mardi l'objet d'une visite d'une délégation d'experts du Centre national de recherche en archéologie (CNRA). Cette délégation qui est allée sur les traces de Lalla Fatma, était accompagnée de représentants de la presse locale et de la brigade mobile des Douanes d'El Kala qui ont été émerveillés par ce site enchanteur dominant la plaine qui, selon Kamel Meddad, expert du CNRA, était jadis exploitée à des fins agricoles. Selon la même source, Ksar Fatma est un édifice romain à deux étages, encore visible malgré le poids des siècles et dont il subsiste un pan de mur de huit mètres de haut, une villa mais aussi un ensemble de fermes et d'huileries. D'autres pièces archéologiques sont également disséminées tout autour du Ksar, parmi lesquelles des presses d'olives et de grains, des roues, des pierres taillées agencées et un aqueduc de 900 mètres linéaires, encore intact au bout duquel se trouve une citerne et un autre ensemble de pierre taillées. Sur les lieux, les experts du CNRA ont fourni une multitude de détails et d'informations aux visiteurs, charmés par l'originalité du site et sa densité en pièces archéologiques, qui constituent un témoin indélébile du passé grandiose d'El Tarf ainsi que des différentes civilisations qui se sont succédé dans cette région. Le site en question renferme aussi d'autres fragments de céramique, des tuiles, des hammams avec systèmes hypocauste (système de chauffage par le sol), ainsi que d'autres indices révélateurs de la transition de l'antiquité au moyen-âge. M. Meddad a également révélé, au cours de cette visite, que le mortier utilisé pour la construction d'une telle infrastructure est à base de sable, de chaux et de blanc d'œuf, en plus d'un mortier hydraulique, typiquement africain, pour la réalisation de captages de sources et les canalisations d'eau. L'étude consacrée à ce site, pour une enveloppe financière évaluée à 5 millions de dinars, en attendant une décision pour l'entame des travaux de restauration, est en cours, a précisé par ailleurs la même source, affirmant, à ce propos, qu'il s'agit de la deuxième villa de ce genre mise à jour, après celle de Nador dans la wilaya de Tipasa. Cette étude nous permettra, a-t-il indiqué, de poursuivre les fouilles jusqu'à ce que les spécialistes parviennent à tracer la chronologie des événements qui se sont succédés dans cette zone. Classé patrimoine national, Ksar Lalla Fatma est composé d'un rez-de-chaussée abritant les ateliers de transformation de produits agricoles et d'un étage supérieur réservé aux besoins d'habitation, en attendant que les travaux et les fouilles parviennent à définir son propriétaire initial, d'autant que Fatma demeure une légende à part entière. Transmise de génération en génération, cette légende raconte que cette femme mythique, belle et riche, avait exigé à son prétendant de lui construire un palais et une amenée d'eau. Quarante ans plus tard, ce dernier put exaucer le vœu de sa dulcinée, puis mourut aussitôt. Pour accéder à ce site niché au cœur d'une forêt dense, une randonnée pédestre est indispensable en raison de l'impraticabilité du chemin long de deux kilomètres environ. Une série d'autres visites similaires est au programme de la célébration du mois du patrimoine dans la wilaya d'El Tarf.