Des experts nationaux et internationaux, réunis dimanche à Alger, ont fait une nouvelle fois un constat de carence des assurances agricoles en Algérie et souligné la nécessité de développer et d'élargir ce marché indispensable à la prévention des risques agricoles. Lors d'un atelier sur la gestion des risques agricoles, William Dick, représentant de la Banque Mondiale et auteur d'un rapport sur les mécanismes de gestion des risques en Algérie, les produits d'assurances en Algérie se limitent à quelques aléas climatiques tels que la grêle, les incendies et les inondations avec, en plus, "une faible pénétration du marché". "Les assurances proposées sont de type traditionnel et nécessitent d'être modernisées et élargies", a-t-il dit. Le même constat a été fait par Maurice Saade, autre expert à la BM, qui a relevé l'inexistence d'un système global d'assurances agricoles dans le pays, tout en préconisant l'élaboration d'une analyse technique des risques agricoles comme préalable au lancement de tout produit d'assurance. Selon les dernières statistiques de la CNMA, sur près de 900.000 agriculteurs inscrits à la Chambre nationale d'agriculture, seulement 75.000 d'entre eux ont souscrit une police d'assurance, soit un taux de près de 8%. Dans ce cadre, M. Dick a proposé d'élargir la gamme des produits de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA), leader sur le marché national dans ce domaine. Les experts de la BM ont ainsi appelé à une révision de la stratégie de gestion des risques agricoles en Algérie, et plus particulièrement la relance du projet de l'agence de prévention et de réduction des risques agricoles. Pour la BM, il importe aussi de s'inspirer des expériences des pays en avance sur ce plan. En général, "l'analyse de la BM se résume à des observations techniques relatives aux contraintes et aux difficultés, à des facteurs institutionnels et organisationnels et à des facteurs financiers", a précisé M. Dick. De son côté, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaissa, a indiqué que cet atelier, organisé par son département ministériel, avait pour objectif d'explorer les conditions préalables à la mise en place d'une feuille de route pour l'amélioration du système de gestion des risques. "On s'attend fortement, à la fin de cet atelier, à une feuille de route permettant de compléter les processus que nous avons déjà engagés depuis trois années pour sécuriser les agriculteurs et amplifier les investissements dans l'agriculture et réduire au maximum les effets des risques", a-t-il précisé. "Il y a tout un processus qui est engagé dans le renouveau agricole et rural, à commencer par la sécurisation des agriculteurs à travers l'accès au foncier agricole et au financement, et il ne reste plus qu'à faire en sorte que l'assurance devient un outil de développement" pour le secteur, a résumé M. Benaissa.