La Rapporteuse spéciale de l'ONU sur la violence contre les femmes, Rashida Manjoo, a indiqué lundi que les meurtres de femmes, culturellement et socialement enracinés, ''continuent d'être acceptés, voire tolérés ou justifiés''. Présentant son rapport annuel devant le Conseil des droits de l'homme sur les meurtres de femmes ou féminicides et rendre compte de ses missions en Jordanie, en Italie et en Somalie, Mme Manjoo a précisé que ces actes ne sont pas une nouvelle forme de violence et ne constituent pas des actes isolés, mais interviennent dans un cadre global. Principalement axé cette année sur les féminicides perpétrés dans la sphère privée ou communautaire ou par les autorités étatiques, son rapport établit que la prévalence de tels actes est globalement à la hausse. Selon elle, le rapport fournit une vue d'ensemble de cette tendance et de ses manifestations : meurtres violents commis par les partenaires, crimes d'honneur, meurtres liés à des accusations de sorcellerie ou encore dans le contexte de conflit armés ou de criminalité organisée. ''La responsabilité des Etats d'agir avec diligence pour la protection des droits des femmes est largement défaillante au regard de ces crimes'', a-t-elle dénoncé. Son rapport souligne la nécessité d'une approche globale et préventive dans le cadre de la lutte contre ce phénomène et recommande également une réévaluation par les Etats de leurs législations, programmes et politiques en vigueur. Citant le cas de l'Italie, la Rapporteuse spéciale a souligné que la violence à l'égard des femmes demeure un problème, en dépit des mesures législatives adoptées pour y remédier. La plupart de ces crimes en Italie, selon elle, ont lieu dans un contexte de domination patriarcale où la violence domestique n'est pas considérée comme un crime et où les victimes sont largement dépendantes sur le plan économique de leurs bourreaux, comme c'est par exemple le cas au sein de la communauté des Roms. De même, a-t-elle poursuivi, les femmes migrantes, en raison de leur vulnérabilité, sont victimes de violences et de discriminations, en dépit des législations en leur faveur.