Des diplomates à l'ONU s'attendent à un double veto russe et chinois quand le projet de résolution déposé par Européens et Américains et menaçant Damas de sanctions sera mis au vote, sans doute mercredi après-midi. "Nous allons vers un double veto russe et chinois", a indiqué un diplomate occidental. Il prévoit aussi que de son côté la Russie ne parviendra pas à recueillir les neuf voix, sur 15 pays membres, qui lui permettraient de faire adopter son propre projet de résolution. Le projet présenté par les Européens (France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal) et les Etats-Unis menace le régime syrien de sanctions économiques s'il ne renonce pas à utiliser ses armes lourdes contre l'opposition, tout en prolongeant pour 45 jours la Mission des observateurs de l'ONU en Syrie (Misnus). La Russie a dit clairement qu'elle opposerait son veto à ce texte et plusieurs diplomates s'attendent à ce que la Chine fasse de même. Les deux pays avaient déjà bloqué à deux reprises des résolutions du Conseil, pour protéger leur allié syrien, depuis le début du conflit en mars 2011. Kofi Annan a rencontré mardi à Moscou le président Vladimir Poutine, qui l'a assuré de son soutien mais n'a donné aucune signe tangible que la Russie était prête à assouplir sa position. La Russie a déposé un projet de résolution rival qui prolonge la Misnus pour trois mois mais ne parle pas de sanctions. Les Russes ont légèrement amendé leur texte mardi mais sans parvenir à sortir les négociations de l'impasse. Le Conseil doit en effet se prononcer sur le sort de la Misnus avant le 20 juillet, date à laquelle son mandat arrive à expiration. Si le mandat n'est pas prolongé, les quelque 300 observateurs devront plier bagage, ce qui marquerait un échec des efforts de médiation de Kofi Annan. Pour éviter cela, prévoit un diplomate, le Conseil pourrait décider un renouvellement "technique" pendant 30 jours, "une manière de dire que nous n'avons pas tué la Misnus". Les 300 observateurs sont arrivés à la mi-avril pour superviser un cessez-le-feu qui ne s'est jamais concrétisé. Ils ne patrouillent plus depuis la mi-juin en raison de l'intensification du conflit. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a préconisé de réduire leur nombre et d'assigner à la Misnus un rôle plus politique. Une délégation du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a rencontré mardi les ambassadeurs des cinq membres permanents du Conseil. La porte-parole du CNS Basma Kodmani a affirmé ensuite que la résolution occidentale était "la toute dernière chance de ranimer" le plan Annan