Le gouvernement français s'apprête à donner des instructions à ses agents pour qu'ils traitent avec "humanité" les immigrés âgés qui font des allers et retours entre la France et leur pays d'origine au risque de perdre certaines aides, a indiqué mardi soir le ministère français de l'Intérieur. "La plupart des migrants âgés vivent entre deux mondes", a relevé Michel Aubin directeur de l'accueil, de l'intégration et de la citoyenneté au ministère, en marge d'un colloque sur le sujet. Pour bénéficier de certaines aides (au logement, allocation solidarité personnes âgées) il faut avoir la France pour résidence permanente. "Mais les durées imposées varient selon les aides", a souligné M. Auboin, évoquant un "maquis administratif incompréhensif pour une large part des vieux immigrés". Or, depuis l'envoi d'une circulaire en 2009, sur la lutte contre les fraudes, certains inspecteurs font du zèle et les contrôles ont augmenté, a-t-il reconnu. Certains immigrés se retrouvent dans des situations invraisemblables car on leur coupe les aides et on leur demande de rembourser les sommes perçues auparavant. La semaine dernière le ministère de l'Intérieur s'est rapproché du ministère des Finances, dont les services vérifient l'occupation des logements comme résidence principales, pour évoquer ce sujet. "Il y aura bientôt une instruction pour que ces contrôles soient menés avec humanité", a assuré M. Aubin. Selon lui, il ne s'agit pas de toucher au système mais de l'"appliquer avec intelligence en commençant par mieux informer les migrants sur les règles". "Je n'ai jamais rencontré de tricheurs chez ces personnes âgées, que des gens démunis", a-t-il affirmé. Un appel avait été publié la veille pour demander l'arrêt du harcèlement et des contrôles discriminatoires contre les migrants âgés. Les signataires, des élus, associations et syndicats ont plaidé pour "la reconnaissance du droit fondamental d'aller et venir sans suspension des droits sociaux en France". Près d'un million de retraités ou pré-retraites immigrés vivaient en France lors du recensement de 2006. Environ 350 000 ont aujourd'hui plus de 65 ans et sont originaires de pays hors Union européenne. Une loi de 1998 a créé un titre de séjour "retraité" qui leur permet d'aller et venir en France et leur pays d'origine sans visa. Mais l'interprétation très restrictive des textes sur le séjour alterné aboutit à la confiscation de leur carte vitale (pour les prestations de santé NDLR) et à la suppression de leur aide au logement, voire d'autres prestations.