Treize ans à peine après son indépendance et alors que d'autres pays similaires songeaient davantage à assurer leur développement économique, l'Algérie, jeune nation aux ambitions dévorantes s'engageait vers de nouveaux horizons en se lançant le pari d'organiser un des plus grands rendez-vous sportifs régionaux : Les jeux méditerranéens de 1975. Premier grand défi post indépendance, l'Algérie le relèvera avec brio en réussissant une organisation parfaite qui a fait pâlir d'envie des nations plus huppées et sur le plan sportif avec à la clé, une moisson de 20 médailles dont quatre en or : une performance mémorable dans la jeune histoire du sport algérien qui fête cette année son cinquantenaire. Absent des quatre premières éditions des JM, en raison de l'occupation coloniale, l'Algérie a entamé ses premiers pas sportifs dans la grande fête de la "mare nostrum" en 1967, cinq ans après le recouvrement de son indépendance. C'était à l'occasion des JM de Tunis où, malgré une participation symbolique, elle avait réussi à engranger trois médailles de bronze. Ce rendez-vous a également permis à l'Algérie d'affirmer sa présence et son engagement au sein de la famille sportive méditerranéenne ainsi que de raffermir à travers le sport, ses liens fraternels avec les pays riverains de la "mare nostrum", ainsi que l'ensemble des nations de la planète. "En marquant de son empreinte ces jeux, l'Algérie aspirait à bâtir un mouvement sportif moderne capable de hisser haut les couleurs nationales dans les joutes internationales", soulignera à ce titre à l'APS le boxeur Mohamed Missouri (75kg), un des médaillés d'or des JM75, précisant que l'édition d'Alger des JM a connu un grand succès dans tous les domaines : une participation historique de 2000 athlètes représentant 15 pays ainsi que le déroulement des épreuves de 18 disciplines, ce qui constituait également un autre record à l'époque". A cette édition l'Algérie s'était classée à une honorable 8e place récoltant une moisson de 20 médailles (4 d'or, 7 d'argent et 9 de bronze). Les autres médailles en vermeil ont été l'œuvre de l'athlète Boualem Rahoui en 3000m steeple, qui avait réalisé pour la circonstance le 2e meilleur temps dans l'histoire de cette épreuve, le boxeur Hocine Nini dans la catégorie des poids plume), ainsi que celle de la sélection nationale de football qui avait arraché la plus symbolique et la plus retentissante des médailles en battant en finale la France par 3-2 après prolongations dans une ambiance indescriptible. C'était le 24 août 1975, une date à graver en lettres d'or dans le palmarès du sport national puisque en cette soirée mémorable et dans un stade du 5 juillet, plein à craquer, la sélection algérienne menée par son capitaine Omar Betrouni, offrira à l'Algérie son premier titre international et plongera le pays dans une liesse indescriptible. Une médaille d'or dans la discipline la plus populaire et de surcroît contre la France, l'ancienne puissance coloniale, était une sacrée performance qu'ont réalisé onze lutins issus dans leur globalité des rangs de l'armée nationale populaire (ANP). Menée au score 2 à 1, à quelques minutes de la fin, la sélection nationale entraînée par Rachid Mekhloufi fera chavirer en quelques moments le cœur des millions d'Algériens en égalisant d'abord par l'insaisissable Bétrouni avant de porter l'estocade au cours des prolongations par le défenseur Menguelti. L'autre réalisation a été l'œuvre de Mokhtar Kaoua. L'équipe algérienne, championne méditerranéenne, était composée de joueurs talentueux à l'image des Cerbah, Ali Messaoud, Safsafi, Rabet, Ighili, Benkada et Naim ainsi que les défunts Keddou, Khedis et l'inimitable Draoui. Les J.M retourneront-ils un jour en Algérie ? Beaucoup d'anciens techniciens ou athlètes ayant participé aux JM-d'Alger en 1975, à l'image de l'ex judoka et conseiller en sport, Mustapha Mabed (6e dan), que l'Algérie ambitionnait, au lendemain de recouvrement de l'indépendance, malgré ses moyens modestes, de relever d'autres défis, à travers le sport, en organisant de grands événements sportifs internationaux. "Il y avait certes un manque d'infrastructures sportifs, et une insuffisance en encadreurs spécialisés durant la première décennie post-indépendance", s'est rappelé M. Mabed, "mais la volonté et la détermination à moderniser l'Algérie dans tous les domaines, étaient fortes et transcendaient toutes les entraves. L'objectif était de former une élite sportive capable de rivaliser avec les grands. Il a cependant regretté qu'aujourd'hui, l'Algérie ne s'est pas manifestée pour abriter de tel rendez-vous sportif régionaux, qui revient tous les quatre ans. L'organisation de ces joutes sportives, regroupant les pays du bassin méditerranéen a été décidée, rappelle-t-on, lors des jeux olympiques de 1948, sur une proposition de l'Egyptien Mohamed Tahar Bacha, alors président du comité olympique égyptien.