Le coordonnateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Serry, a affirmé mardi que le Quartette devrait redéfinir son rôle pour trouver une solution au conflit israélo-palestinien, tout en soulignant que le statu quo est ''intenable". "Il y a urgence pour que le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU) redéfinisse son rôle afin d'aller de l'avant", a déclaré M. Serry devant le Conseil de sécurité de l'ONU. "Comme l'ont déjà fait remarquer certains membres du Conseil, la crédibilité du Quartette est en jeu", a-t-il prévenu, ajoutant que "la Ligue arabe envisage de modifier sa position vis-à-vis du processus de paix". Selon lui, "la solution à la question palestino-israélienne, sous la forme d'une solution négociée de deux Etats, constitue la meilleure contribution que la communauté internationale peut apporter à la stabilité régionale". M. Serry a placé au cœur de son intervention la suite donnée au récent accord de cessez-le-feu ainsi que la demande d'admission de la Palestine en tant qu'Etat observateur non membre de l'ONU, sur laquelle l'Assemblée générale doit se prononcer jeudi. "Ces deux développements essentiels nous rappellent que le statu quo est intenable et qu'il est vital d'identifier les moyens de relancer le processus de paix", a-t-il insisté. Rappelant que la résolution 1860 (2009) fournissait le cadre légal international d'une stabilisation durable de la situation à Ghaza, le coordonnateur spécial a déploré que les éléments clefs contenus dans cette résolution n'aient pas encore été mis en œuvre dont celui de l'ouverture des points de passage. "L'accord de cessez-le-feu fournit le cadre de discussion d'une ouverture de ces points de passage et d'une facilitation de la libre circulation des personnes et des biens, tout en prévoyant la fin des hostilités dirigées contre des civils résidant dans les zones frontalières", a-t-il précisé. Si le coordonnateur spécial s'est, au titre de la mise en œuvre dudit accord, félicité qu'Israël ait accepté le principe d'étendre la zone de pêche le long de la côte de Ghaza, il a considéré que c'est un développement important qui reste, néanmoins, insuffisant. Il a également plaidé pour une libéralisation des importations de matériaux de construction par les points de passage existants. M. Serry a aussi souligné la nécessité de la mise en œuvre d'autres aspects de la résolution 1860, tels que ceux portant sur une réconciliation inter-palestinienne : "J'espère que cette crise à Ghaza sera l'occasion pour les factions palestiniennes de surmonter durablement leurs divergences", a-t-il affirmé, estimant que la population à Ghaza et celle en Cisjordanie n'attendaient rien de moins de leurs dirigeants. Revenu d'une visite à Ghaza le 25 novembre, le coordonnateur spécial a fait le bilan de "la violence dévastatrice" qui a touché cette ville récemment lors de l'agression israélienne. "158 Palestiniens ont été tués, parmi lesquels 103 civils, dont 33 enfants et 13 femmes", a-t-il précisé. Abordant la demande d'admission de la Palestine en tant qu'Etat observateur non membre de l'ONU, M. Serry a estimé que la "passion" qui entourait cette demande était indicative de "l'écart actuel entre les deux parties". Indépendamment de ce que décidera l'Assemblée générale jeudi, M. Serry a déclaré qu'il était crucial "de penser à ce qui se passera le jour d'après et de sauvegarder les avancées capitales enregistrées dans l'édification d'institutions palestiniennes solides". Selon lui, les mesures prises par le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre, Salam Fayyad, ont permis d'instaurer une véritable sécurité, d'améliorer la situation économique. Mais "ces progrès risquent aujourd'hui d'être anéantis", a-t-il averti. Dans son intervention devant le Conseil de sécurité, M. Serry a également abordé la situation en Syrie, où le conflit dure déjà depuis 21 mois. Il a constaté que ce conflit atteignait de nouveaux sommets dans la brutalité et la violence, et s'est inquiété de l'aggravation de la crise humanitaire avec l'arrivée de l'hiver. Il a estimé que quatre (4) millions de Syriens seraient potentiellement affectés par les conséquences des désordres actuels d'ici à la fin de l'année. Concernant les accrochages ayant opposé les armées israélienne et syrienne aux confins du Golan syrien occupé, M. Serry a averti que cette situation menaçait la stabilité régionale et le cessez-le-feu entre les deux pays.