La démission annoncée dans la soirée de samedi dernier, du président de Conseil italien Mario Monti, causée par l'abstention auparavant du parti du peuple de la liberté (PdL) de l'ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi, lors de deux votes de confiance au Sénat, met ce parti sous les feux des critiques de la classe politique. Après cette double abstention des sénateurs du PdL, jugée par le Président du conseil italien, comme un retrait de confiance d'un parti qui jusque-là le soutenait avec le Parti démocratique (gauche) et d'autres centristes et démocrates-chrétiens, a estimé difficile de poursuivre son mandat. Monti qui a consulté le président de la République italienne, Giorgio Napolitano, pour lui faire part de cette décision "irrévocable", a expliqué qu'il jetterait l'éponge "une fois approuvée la loi de stabilité budgétaire" du pays par le Parlement, avant le 31 décembre. Lors de sa rencontre avec le chef de l'Etat, Monti avait expliqué avoir rendu compte à M. Napolitano des entretiens avec les représentants des forces politiques, qui avaient soutenu depuis novembre 2011 le gouvernement, ainsi qu'avec les présidents du Sénat et de la Chambre des députés. Il a soutenu que le secrétaire général du PdL, Angelino Alfano, avait la veille fait une déclaration constituant "dans sa substance, un jugement négatif à l'égard du gouvernement et de sa ligne d'action". Alfano a indiqué alors que son parti ne voulait pas "envoyer le pays bondir en faillite" en poursuivant le soutien au gouvernement Monti. Le même jour, Berlusconi qui avait fait part, en octobre dernier, de son intention de ne pas briguer le poste de président du Conseil lors des législatives du prochain printemps, changeait d'avis en annonçant qu'il se présenterait à ce scrutin expliquant qu'il descendrait sur l'arène "pour gagner". "Quand je faisais du sport, quand je travaillais et que j'étudiais, je ne suis jamais entré en compétition pour avoir une bonne place, mais toujours pour vaincre", a dit Berlusconi. Le chef de file du centre gauche, Pierluigi Bersani, donné par les sondages largement vainqueur en cas d'élections au printemps, après l'abstention de ce parti, mais aussi de la Ligue du nord son ex-allié au gouvernement tombé en novembre 2011, a qualifié la droite d'"irresponsable". Le faux bond envers le gouvernement technique du parti de Berlusconi a été salué par la Ligue du nord, jusque-là critique envers son ex-allié, pour avoir soutenu Monti. Alors que le Parti démocratique de Bersani jugeait que la décision de Monti est "un acte de dignité", un autre soutien à l'actuel chef du gouvernement, Pier Fernandino Casini, démocrate chrétien, chef de l'Union du Centre (UDC) et favorable à un Monti-bis a estimé que "celui qui pensait que Monti pouvait +flotter+, est servi", en allusion au parti de Berlusconi et à ce dernier. Pour Casini, "il existe un société civile constituée de modérés qui ne veut pas démissionner face au populisme de Berlusconi". Au-dessus de la mêlée, le chef de l'Etat italien a fait part après la décision de Monti de ses inquiétudes pour le pays en cas de vide institutionnel, en pensant à la période entre le départ du gouvernement et les législatives de mars ou peut-être de février 2013. A ce sujet, une consultation entre le président de la République et les principaux partis soutenant le gouvernement aurait abouti à un accord sur le départ de l'équipe Monti, entre le 10 et 20 janvier 2013 et des législatives pour le 10 mars 2013, selon les médias italiens. Interrogé lundi par le journal La Repubblica, Monti a expliqué qu'il était "inquiet pour l'Italie, mais qu'il ne pouvait pas faire autrement". Pendant ce temps, cette crise politique en Italie mais aussi l'annonce du retour de Berlusconi, a donné lieu à une réaction négative des marchés et des places financières européennes. La Bourse de Milan a ouvert lundi en forte baisse, chutant de 3,67% , et les bourses européennes ont suivi. Les taux italiens des emprunts à dix ans, ont de leur côté bondi de 30 points, au moment où ils commençaient à chuter.