La décision de l'ancien chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, de se retirer de la course à la présidence du Conseil des ministres, au prochain printemps, enflamme et passionne la classe politique italienne qui a différemment apprécié ce "pas en arrière" du Cavaliere. "Je ne représenterai pas ma candidature au poste de président du Conseil et je demeure aux côtés des plus jeunes qui doivent jouer et marquer des buts", avait annoncé Berlusconi, mercredi dernier, dans un discours transmis et rediffusé par les chaînes de télévision italiennes. "Avec les élections primaires ouvertes dans le PdL (Peuple de la Liberté), nous saurons d'ici à décembre qui sera mon successeur, à l'issue d'une compétition libre et sereine entre personnalités et idées diverses", a-t-il souligné, proposant que ces primaires auraient lieu le 16 décembre prochain, soit près de 4 mois avant les prochaines législatives. Aussitôt, son dauphin et principal prétendant à sa succession, son ancien ministre de la Justice, Angelino Alfano, qu'il a désigné, il y a un an, en tant que coordinateur du parti, convoque une réunion pour mardi 30 octobre destinée à régler la conduite des primaires, notamment, le recueil des candidatures au futur poste de Premier ministre qui devra conduire les listes du parti aux législatives. En Italie, le code électoral prévoit que le chef de file d'un parti ou d'une coalition de partis qui remporte les législatives, dirige le gouvernement. Le choix de Berlusconi, 76 ans, de tirer sa révérence, était salué par ses partisans, y voyant un geste de "sagesse", aiguisant, en revanche, les appétits pour sa succession, au sein d'un parti, le PdL (centre-droit), secoué par des scandales financiers ayant terni son image dans l'opinion, qui le crédite de seulement 15% des intentions de vote, selon un dernier sondage. Deux femmes, ex-membres du gouvernement de Berlusconi ont déjà annoncé leur désir de briguer la présidence du Conseil au sein du parti, Stefania Craxi, ex-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et Daniela Santanche, ex-secrétaire d'Etat (sans portefeuille), alors qu'une troisième, Alessandra Mussolini, artiste, députée, petite-fille du Duce et nièce de l'actrice Sophia Loren, dit qu'elle y pense. Dans le camp de la Ligue du nord (extrême-droite), ex-alliée de Berlusconi, si son ancien chef de file, Umberto Bossi, éjecté de la direction du parti suite à un scandale financier, fait planer ses doutes, affirmant "ne pas croire" à ce retrait, un sentiment partagé par l'ancien président du Conseil Romano Prodi (gauche), l'actuel chef de ce parti, et ancien ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, a salué un "acte généreux qui ouvre de nouvelles perspectives". Le départ de Berlusconi est également bien apprécié par le chef des démocrates chrétiens (Union du centre -UDC), Pier Ferdinando Casini, qui s'opposait à son gouvernement, mais qui a salué, "un homme intelligent" ayant "bien en tête la perception de son rapport avec le pays". A gauche, le Parti démocratique, en tête des partis avec près de 25% des intentions de vote, et où se préparent des primaires pour désigner son prochain chef de file, dit par la voix de son leader, Pier Luigi Bersani, se féliciter de cette "intention déclarée" de mettre au choix des urnes son dirigeant, estimant que "c'est sain pour le pays''. Plus à gauche, Nichi Vendola, (Sinistra, Ecologia e Libertà-SEL), candidat aux primaires du Parti démocratique, voit ce départ "sans regrets". Il est temps que le berlusconisme se retire, que l'Italie empoisonnée par vingt ans de morphine intellectuelle se désintoxique", s'est-il exclamé. Enfin, sur la même longueur d'ondes que Vendola, le chef du parti de l'Italie des valeurs (IDV), l'ancien magistrat anti-corruption, Antonio Di Pietro, appelle, après cette décision à "nettoyer" l'Italie de Berlusconi, et à s'engager "au maximum" pour rétablir la loi et la dignité" du pays.