La Banque centrale américaine s'est engagée mercredi à prendre des mesures sans précédent pour stimuler la croissance économique jusqu'à ce que le taux de chômage tombe à 6,5% alors qu'il s'est établi à 7,7% en novembre dernier. Face à une reprise lente de l'économie américaine et du marché de l'emploi, aggravée par l'impasse budgétaire entre la Maison-Blanche et les républicains, la Réserve fédérale entend accélérer son action à travers un nouveau plan de rachats d'obligations du Trésor, qui s'ajoutera au rachat d'obligations adossées à des créances hypothécaires lancé en septembre dernier. Mais la principale nouveauté dans la démarche de la Fed est sa décision de maintenir les taux d'intérêt proches de zéro jusqu'à, cette fois-ci, une baisse du chômage à 6,5% et non pas, comme elle a l'habitude de le faire, en fonction d'une date pré-établie qui était fixée au moins à la mi-2015. Ceci pour donner davantage de visibilité dans la tendance à moyen et long termes des taux d'intérêt qui restent, ainsi, quasi-nuls depuis près de 4 ans. Le but est de rassurer des investisseurs encore inquiets en raison d'un climat économique morose, ce qui devrait permettre de stimuler les prêts et les dépenses pour les ménages et les investissements pour les entreprises. Ce dispositif reflète clairement la forte préoccupation des responsables de la Fed par les perspectives à long terme de l'économie américaine, compliquées encore par le risque du ‘‘précipice budgétaire'' en cas de désaccord entre le gouvernement et le Congrès dans leurs négociations qui n'ont toujours pas abouti à un accord. Si les deux parties ne parviennent pas à trouver un terrain d'entente sur les modalités de réduction du déficit budgétaire avant la fin décembre en cours, ce ‘‘précipice budgétaire'' se traduira par des réductions automatiques des dépenses fédérales pour 600 milliards de dollars et des hausses d'impôts, susceptibles de faire basculer l'économie américaine dans la récession avec ses effets à l'échelle mondiale. Selon les nouvelles prévisions de la Réserve fédérale publiées mercredi, la croissance économique des Etats-Unis devrait être située entre 2,3% et 3% en 2013 alors qu'elle tablait en septembre dernier sur une fourchette oscillant entre 2,5% et 3%, des prévisions qui sont un peu plus optimistes que celles de l'OCDE et du FMI. En novembre dernier, l'OCDE avait avancé que, sous réserve qu'une solution soit trouvée à l'impasse budgétaire, la croissance du PIB américain devrait s'établir à 2% en 2013. Quant au FMI, il prévoyait, en octobre dernier, que la croissance des Etats-Unis devrait s'établir à 2,1% en 2013. Le Comité de la politique monétaire de la Fed est ‘‘préoccupé par la croissance économique qui n'est pas assez forte pour générer une amélioration durable des conditions du marché du travail'', a-t-il souligné dans un son communiqué après une réunion de deux jours à Washington. En outre, a-t-il prévenu, ‘‘les tensions sur les marchés financiers mondiaux continuent de poser des risques importants qui pèsent sur les perspectives économiques". Par ailleurs, la Fed a observé que le chômage restait élevé, malgré ses baisses consécutives, et que la croissance des investissements des entreprises avait glissé. En septembre dernier, rappelle-t-on, elle avait décidé de lancer un troisième round d'un plan de soutien à l'économie américaine à travers le rachat de 40 milliards de dollars de titres financiers par mois pour permettre aux banques de prêter davantage et améliorer le marché de l'emploi. Longtemps réticente pour mettre en place cette troisième opération d'assouplissement quantitatif, après celles lancées dans le sillage de la crise financière de 2008 pour un montant global de 2.300 milliards de dollars injectés sur le marché financier, la Réserve fédérale avait tenté, à travers cette mesure, de fixer le cap de l'économie américaine et réduire le chômage.