Avec un chômage qui frappe plus de 10% de sa population active, niveau jamais atteint depuis 1999, et une dette publique avoisinant les 90% du PIB, l'économie française a traîné la patte durant l'année 2012 qui s'achève et aucun élan de croissance n'y est prévu pour début 2013, selon des chiffres communiqués de sources officielles. La crise sévère que traverse la France depuis quatre ans et qui a frappé l'ensemble de l'économie mondiale, s'est ravivée depuis un an avec l'intensification de la crise européenne, une situation dont a hérité en mai dernier le Parti socialiste, qui est revenu au pouvoir dix-sept ans après. Ni ses mesures "d'urgence" en faveur de l'emploi et du pouvoir d'achat devant permettre de préserver la demande à court terme (augmentation de l'allocation de rentrée scolaire, baisse légère du prix des carburants, annulation de la hausse de TVA dite sociale et création envisagée de 150.000 emplois d'avenir), ni sa fameuse Loi Gallois en faveur de la compétitivité de l'économie française, prévoyant une baisse du coût du travail, n'ont fait changer vers le mieux le quotidien des Français, accablés par la mise en £uvre de nouvelles taxes et menacés par l'avènement d'autres. Le 14 novembre dernier, les cinq grands syndicats français ont tenu une centaine de manifestations et rassemblements dans 77 départements pour protester contre les "politiques d'austérité" à travers l'Europe, qui mènent, selon eux, le continent droit dans le mur. Coordonnée par la Confédération Européenne des Syndicats, cette journée de protestation avait pour objectif de demander aux dirigeants de montrer leur volonté de s'atteler "véritablement" à la détérioration de l'emploi et de répondre à l'angoisse sociale grandissante des citoyens européens. Une semaine après et à l'appel de la seule CGT (Confédération générale des travailleurs), une autre action de protestation est organisée contre la "rigueur" et pour défendre l'emploi dans l'industrie. Ce sera la première mobilisation nationale depuis l'accession de François Hollande au pouvoir, et vise surtout à dénoncer la rigueur instaurée par le budget du gouvernement, protester contre le traité européen de stabilité budgétaire en cours de ratification et dénoncer le "lobbying" du patronat en faveur d'une baisse du coût du travail et d'un assouplissement des licenciements. En dépit d'un contexte international défavorable, marqué notamment par la persistance de la crise grecque, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault maintient ses prévisions de croissance (+0,8%) et de déficit public (3% du PIB) pour l'année 2013. Des prévisions que le FMI juge irréalisables, estimant, dans un récent rapport, que la France ne parviendrait pas à ramener son déficit public sous la barre des 3% et ferait moins bien en termes de croissance (0,4%). A quelques jours de Noël, le FMI offrait, en effet, un cadeau "empoisonné" à la France en affirmant que le déficit de l'Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale atteindrait 3,5% du PIB, un diagnostic qui rejoint, du reste, celui fait auparavant par la Commission européenne. L'organisme monétaire international estime aussi que la croissance économique en France fait face "à des risques de dégradation" et que le pays doit encore régler son "problème de compétitivité" vis-à-vis de ses partenaires commerciaux. Pour 2012, le Fonds revoit légèrement à la hausse sa prévision de croissance, de 0,1% à 0,2%, par rapport à ses dernières projections en octobre mais maintient son estimation à 0,4% pour l'année prochaine, soit moitié moins que la prévision gouvernementale (0,8%). Mi-décembre, la présidente du Medef (patronat), Laurence Parisot, déclarait déjà que la situation économique en France est celle d'une récession. "Il faut le dire, même si nous n'avons pas eu officiellement deux trimestres négatifs", a-t-elle affirmé, évoquant pour les entreprises des carnets de commande en baisse et craignant un impact sur l'emploi. Un constat visiblement confirmé par l'Institut français de la statistique et des études économiques (INSEE) qui, dans sa dernière note de conjoncture, a revu à la baisse sa prévision de croissance pour 2012, sans toutefois prévoir de récession d'ici à juin. Mais, pour l'établissement de référence français, l'économie de l'Hexagone va commencer l'année 2013 sans "aucun élan" de croissance et continuera à détruire des emplois au premier semestre. Dans sa note de conjoncture dont les prévisions vont jusqu'à fin juin, il estime que cette faiblesse risque de compliquer la tâche du gouvernement qui mise sur une croissance de 0,8% en 2013 pour tenir ses objectifs de réduction des déficits publics à 3% du PIB à la fin de l'année. Par ailleurs, l'Insee annonce que le taux de chômage devrait atteindre 10,5% de la population active au deuxième trimestre 2013, en France. Le président français François Hollande avait concédé, lui, que 2012 avait été une année "très difficile" notamment du fait de la crise de la zone euro. Mais il a précisé qu'il n'y avait "pas de récession" en France. Il a prévenu que l'année à venir serait elle aussi très dure, "car la croissance sera quasi nulle au premier semestre" et parce que le chômage va continuer d'augmenter. Dans un récent sondage CSA, 43% des Français citent les plans sociaux et la montée du chômage comme principales préoccupations, les désignant comme le fait le plus marquant de l'année 2012 après l'élection présidentielle.