La coalition rebelle du "Seleka" en Centrafrique a menacé lundi d'entrer dans la ville de Damara puis dans la capitale Bangui, réclamant le départ du président François Bozizé même si ce dernier a affiché sa volonté de dialogue. La coalition rebelle, qui menace de prendre d'abord le contrôle de la ville de Damara avant d'entrer à Bangui, demande le départ du président Bozizé sous prétexte qu'elle "ne croit pas en ses promesses" et appelle à l'"intervention" des forces des Etats d'Afrique de l'Ouest présentes en Centrafrique pour jouer un role stabilisateur dans ce pays en proie à des troubles récurrents. "Bozizé doit partir, c'est clair, on réclame son départ, qu'il quitte le pouvoir", selon une déclaration du porte-parole du Séléka Eric Massi cité par des médias. Le président centrafricain s'était lui engagé dimanche à la formation d'un gouvernement d'union nationale après le dialogue prévu avec la rébellion du "Séléka" à Libreville (Gabon), en écartant sa candidature à l'élection présidentielle de 2016, à l'issue d'un entretien à Bangui avec le président en exercice de l'Union africaine (UA), le chef d'Etat béninois Thomas Boni Yayi. Des habitants de Bangui, cités par des médias, se sont déclarés "satisfaits de la déclaration du chef de l'Etat centrafricain, disant que s"'il s'engage à tendre la main à nos frères qui ont pris les armes et qu'il affirme ne pas se représenter à la présidentielle de 2016, c'est qu'il témoigne de sa volonté de faire la paix". La coalition rebelle accuse le pouvoir d'"exactions sur les populations civiles et les proches de la rébellion". Son porte-parole a appelé "les forces africaines de maintien de la paix pour qu'elles interviennent immédiatement dans la capitale pour faire cesser les exactions et assassinats de prisonniers (...)". Les rebelles avaient brandi pour la première fois dimanche la menace d'une marche sur Bangui dont la Séléka n'est plus qu'à 160 km après trois semaines d'offensive. Selon des sources médiatiques, la coalition rebelle semblait poursuivre sa progression vers Bangui, affirmant vouloir prendre Damara, dernier verrou à 75 km au nord de la capitale centrafricaine. L'avancée des insurgés qui ont lancé leur offensive le 10 décembre a entrainé l'instauration d'un couvre-feu dans la capitale centrafricaine où tout déplacement a été interdit de 19H00 (18H00 GMT) à 05H00. La coalition des rebelles du Séléka, qui a repris les armes le 10 décembre pour réclamer "le respect" de différents accords de paix signés entre 2007 et 2011, a pris le contrôle de la majeure partie du territoire centrafricain, notamment la ville de Sibut, s'installant à 160 km de la capitale. Le ministre centrafricain de l'Administration territoriale, José Binoua, a averti lundi que la pression internationale exercée sur le président François Bozizé dans le conflit qui l'oppose aux rebelles du Séléka, pourrait entraîner une "révolution de palais" à Bangui. "Le président Bozizé a fait des concessions, il a donné tous les gages mais il ne faut pas que la pression soit unilatérale. Les rebelles pillent, tuent et exigent", a-t-il affirmé. L'opposition centrafricaine s'est pour sa part déclarée sceptique sur les concessions du président Bozizé. "Il fait des promesses et ne les tient pas", a déclaré le principal oppossant, l'ancien Premier ministre Martin Ziguélé, plaidant pour un dialogue politique. La coalition rebelle du Séléka a renforcé son emprise sur le territoire centrafricain, obligeant les forces régulières et leurs alliées à se replier à Damara, dernier verrou stratégique sur la route de la capitale Bangui où a été instauré un couvre-feu. Ils se sont emparés d'une nouvelle ville dans le centre nord du pays, s'approchant un peu plus de la capitale Bangui. Dès mardi, une mission du Comité internationale de la croix rouge (CICR) se rendra à Bambari et à Kaga-Bandoro pour évaluer les conséquences humanitaires des conflits de ces trois dernières semaines, affirme leur personnel. Le chef de l'Etat béninois Thomas Boni Yayi, président en exercice de l'Union africaine (UA), a appelé lors de sa visite dimanche à Bangui à la cessation des hostilités entre les rebelles et le pouvoir. "Le président de la République François Bozizé a toujours dit que la solution à toute crise dans notre pays passe par le dialogue. Il a réaffirmé sa volonté de dialoguer avec toutes les parties. A l'issue de ce dialogue, il est prêt à former un gouvernement d'union nationale", avait-il déclaré. La présidente de la Commission de l'Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini Zuma, a affirmé lundi que toute tentative de prise de pouvoir en Centrafrique par la force porterait "atteinte à l'actuel processus démocratique". Elle a mis en garde les groupes armés en Centrafrique contre toute prise de pouvoir via des moyens illégaux qui conduirait à la suspension automatique de la participation de la Centrafrique dans les activités de l'UA. La Chine appelle à un cessez-le-feu en République centrafricaine et à une solution pacifique à la crise dans le pays, soulignant sa préoccupation par la détérioration de la situation.