La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a salué la tenue du sommet prévu vendredi à Addis-Abeba entre les présidents soudanais, Omar el-Béchir, et sud-soudanais, Salva Kiir, en souhaitant que les deux dirigeants puissent ''aborder concrètement les questions en suspens''. Dans une déclaration conjointe, Mme Clinton et ses homologues norvégien, Espen Barth Eide, et britannique, William Hague, se sont également félicités ''de la poursuite du rôle précieux'' du Groupe d'experts de mise en œuvre de haut niveau de l'Union africaine (AUHIP), dirigé par l'ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, ainsi que des efforts du Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn. Tout en saluant les progrès accomplis lors du précédent sommet tenu en septembre dernier entre MM. El Bechir et Kiir, ''qui a démontré qu'un règlement durable et équitable est à portée de main'', la chef de la diplomatie américaine et ses deux homologues européens ont toutefois regretté que la mise en œuvre des accords signés le 27 septembre soient ''au point mort'' notamment pour ce qui concerne les mesures de sécurité aux frontières qui n'ont pas été encore mises en place. En conséquence, la déclaration conjointe a appelé les deux dirigeants ''d'aborder concrètement les questions en suspens et de faire en sorte que les forces armées des deux pays se retirent immédiatement de la zone démilitarisée et de déployer le mécanisme de vérification et de suivi de la frontière commune tel que convenu''. Abordant l'aspect économique dont notamment le volet relatif au pétrole, Mme Clinton et les deux chefs de diplomatie britannique et norvégien ont considéré que ''la pleine application de tous les accords et sans conditions préalables aiderait à renforcer la confiance''. ''Le redémarrage de la production de pétrole et de l'exportation sera particulièrement utile pour les deux économies et ne doit pas être entravée par des négociations sur d'autres questions'', ont-ils noté dans leur déclaration publiée par le département d'Etat américain. Concernant la question relative à la zone frontalière d'Abyei, les trois chefs de la diplomatie ont exprimé leur ''soutien à l'approche adoptée par l'Union africaine, basée sur l'Accord de paix global'' de 2005. Dans ce sens, ils ont rappelé que la proposition, adoptée par le Groupe d'experts de mise en œuvre de haut niveau de l'Union africaine en octobre dernier, ''énonce clairement la voie pour la détermination du statut final d'Abyei, conformément aux accords déjà signés par les deux parties, tout en protégeant les droits de toutes les communautés''. ''Nous rappelons aux dirigeants du Soudan et du Sud Soudan que la communauté internationale est pleinement engagée à la vision de deux pays viables vivant en paix, et que nous sommes prêts à les appuyer dans la réalisation de cette vision'', ont-ils poursuivi. Il est à souligner que MM. Kiir et El Bachir s'étaient mis d'accord en septembre sur un retrait des soldats présents dans la région frontalière contestée, condition préalable à une reprise des exportations du pétrole sud-soudanais acheminé via le Soudan jusqu'aux terminaux portuaires. Les deux pays disposent toujours de troupes stationnées de part et d'autre de la frontière et s'accusent mutuellement de soutenir des rebelles opérant dans la région. Le Soudan du Sud a accédé à l'indépendance suivant les dispositions d'un traité de paix datant de 2005 mais le tracé des frontières entre les deux Etats n'a toujours pas été scellé par un accord. Le principal enjeu de cette dispute concerne la région fertile d'Abyei revendiquée par chaque camp. Depuis la scission des deux pays en juillet 2011, Khartoum est privée de 75 % de ses ressources pétrolières situées au Sud, tandis que Juba est contraint d'utiliser les infrastructures du Nord pour acheminer son brut jusqu'aux terminaux portuaires de la mer Rouge. En absence d'accord sur les prix de transit du brut, le Soudan avait ponctionné du brut pour se rémunérer. En réaction, le Sud-soudan avait brutalement arrêté sa production pétrolière.