Le conflit libyen a eu un effet déstabilisateur sur le Mali, un pays plongé dans une crise institutionnelle depuis mars dernier et dont le nord est occupé par des groupes armés, ont souligné mardi des experts à Alger. "La situation au Mali est une conséquence directe de l'intervention de l'Otan en Libye", a indiqué Eric Denécé, directeur du Centre français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), dans une déclaration à l'APS. "S'il n'y avait pas eu la déstabilisation de la Libye, il n'y aurait pas eu la déstabilisation du Mali", a ajouté M. Denécé, en marge de la journée d'étude sur les révoltes dans le monde arabe, organisée par le Mouvement féminin algérien de solidarité avec la femme rurale (MFASFR) et le Centre international de recherche et d'études sur le terrorisme, Concernant une éventuelle intervention militaire au Mali après le feu vert donné par le Conseil de sécurité de l'ONU à l'envoi d'une force internationale dans le nord de ce pays, l'expert français a mis en garde contre "un risque d'augmentation" des actes de terrorisme dans la région du Sahel. Abondant dans ce sens, Richard Labévière, reporter et consultant en relations internationales, a souligné que "la guerre coloniale initiée par l'ex-président français Nicolas Sarkozy en Libye a eu des effets destructeurs catastrophiques" sur le Mali. Il a expliqué que "certaines tribus touarègues" sont rentrées au Mali voisin "puissamment armées" avec des stocks d'armes qui ont "nourri des groupes armés tels Ansar Dine et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et d'autres mouvements, cumulé avec le trafic de drogue", ce qui "a contribué à affaiblir" les pays de la zone sahélienne et y installer "des foyers mafieux". Interrogé sur les conséquences d'une intervention militaire, M. Labévière a affirmé que cette démarche n'aura pour effet que de "créer une afghanisation du Sahel" et d'établir "un nouveau front de djihadistes dans cette région". "On ne répond pas au crime organisé par des interventions militaires mais par des actions de renseignement", d'un côté, et par "le développement économique et la reconstruction des institutions de l'Etat malien", de l'autre, a-t-il souligné.