Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) a alerté jeudi que les populations vivant dans les pays en développement étaient confrontées à de gros risques sanitaires et environnementaux liés à leur exposition au mercure. Alors que la demande de mercure a chuté à l'échelle mondiale ces dernières années, les émissions de mercure pourraient bien augmenter à l'avenir dans certaines régions d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud, a-t-il souligné. Cette hausse, selon cette organisation onusienne, est due principalement à l'utilisation de cet élément hautement toxique dans les activités d'orpaillage et dans la combustion du charbon pour la production d'électricité. "Le mercure sous toutes ses formes reste un défi mondial, régional et national important en termes de menace pour la santé humaine et l'environnement", a déclaré le directeur exécutif du PNUE, M. Achim Steiner. A ce propos, il a rappelé que lors du Conseil d'administration du PNUE en 2009, les pays avaient donné leur accord à l'ouverture de négociations portant sur un traité juridiquement contraignant visant à réduire les rejets liés aux activités industrielles et minières, à prendre des mesures concernant les produits contenant du mercure et à s'attaquer à la pollution historique de certains sites. "La phase finale des négociations s'ouvrira dans quelques jours", a-t-il fait savoir. D'après l'évaluation mondiale du mercure 2013, les émissions de ce métal toxique liées à l'extraction minière artisanale ont doublé depuis 2005. La hausse du cours de l'or risque, d'ailleurs, de provoquer une augmentation de ces émissions. En raison d'une industrialisation rapide, l'Asie est désormais le principal émetteur de mercure, avec près de la moitié des rejets mondiaux, selon le PNUE. Pour la première fois, cette étude du PNUE évalue les rejets de mercure dans les rivières et les lacs. La majorité des expositions humaines au mercure sont dues à la consommation de poisson contaminé. Les milieux aquatiques sont donc un chaînon stratégique de la santé humaine. "La toxicité et la dangerosité du mercure sont connues depuis des siècles, mais nous disposons aujourd'hui de technologies et de procédés alternatifs qui permettent de réduire les risques liés au mercure pour des dizaines de millions de personnes, parmi lesquelles des femmes enceintes et leurs bébés. L'aboutissement de ces négociations contribuerait à un avenir plus durable pour les générations futures", a déclaré M. Steiner. Le mercure rejeté par l'industrie ou d'autres activités humaines peut persister dans l'environnement pendant plusieurs siècles. Il faudra donc sans doute des années, voire des décennies, pour que la réduction des émissions de mercure ait un effet sur les niveaux de mercure présents dans la nature et la chaîne alimentaire. D'après les études menées par le PNUE, les gouvernements, l'industrie et la société civile doivent donc intervenir rapidement afin d'intensifier les efforts de réduction des émissions et rejets de mercure. Les rapports indiquent que des retards éventuels ralentiraient le rétablissement des écosystèmes et alourdiraient la pollution héritée du passé. Une accélération de l'action menée, avec la finalisation d'un traité mondial contraignant, et la promotion de l'existence de technologies utilisant peu de mercure ainsi que la mise en ouvre d'autres mesures, permettraient de réduire considérablement la demande de mercure au cours des dix prochaines années. Pour atteindre cet objectif, selon cette organisation, il faut mettre fin dès que possible à l'extraction primaire de mercure et répondre à la demande en investissant dans des mesures de recyclage plus efficaces.