Le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, a affirmé que le processus politique était toujours nécessaire pour résoudre la crise au Mali en dépit de l'intervention militaire, tout en relevant la préoccupation des pays voisins du Mali par les conséquences de ces actions militaires au-delà des frontières maliennes. M. Feltman intervenait lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU, de retour de visites de deux semaines en Afrique et en Belgique, après avoir assisté au Sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba, ainsi qu'à la Conférence internationale sur le Mali, et visité également la Somalie, le Kenya et le Burundi. "L'intervention militaire en cours de la France a, peut-être, donné aux autorités maliennes le sentiment qu'un processus politique n'est pas nécessaire. Ceci n'est pas vrai : il faut également avancer sur ce front", a insisté le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques. A ce sujet, il a réitéré la nécessité pour toutes les parties au Mali d'engager un dialogue politique inclusif parallèlement à l'action militaire en cours. Pour M. Feltman, qui était auparavant le secrétaire d'Etat américain adjoint pour les affaires du Moyen-Orient, "l'actualité de ces dernières heures témoigne du long chemin qu'il reste à parcourir pour régler les divisions politiques au Mali et mettre en place une armée professionnelle et des forces de sécurité capables d'assurer l'ordre dans le pays". A ce propos, il a soutenu que "tant que ces divisions politiques persistent, l'Etat malien demeurera faible face, particulièrement, à ceux qui veulent miner les efforts de réconciliation", rappelant que les divergences politiques sont précisément au cœur de la crise actuelle. A propos des différents entretiens qu'il a eus à Bruxelles, M. Feltman a souligné que tous ses interlocuteurs maliens avaient insisté sur la nécessité d'être impliqués dans les discussions. Dans ce contexte, il s'est félicité de l'annonce faite par le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, d'une feuille de route qui devrait aboutir à l'organisation d'élections, avant la fin du mois de juillet. "Il s'agit là d'un point de départ important mais il est également crucial que ce délai soit respecté et que ces élections soient considérées comme crédibles par la population", a-t-il poursuivi. M. Feltman a encore encouragé toutes les parties à demeurer concentrées sur l'évolution politique de la situation, par le biais d'un dialogue inclusif, de la feuille de route et de l'organisation d'élections crédibles. Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a précisé que ce processus politique devrait être initié par les Maliens eux-mêmes. Pour M. Feltman, l'objectif pour le Mali est de disposer de forces de sécurité professionnelles, capables d'assurer la sécurité du territoire. Au niveau international, les Nations Unies ont déjà engagé des discussions à cet égard avec de nombreux responsables maliens, de même qu'avec des représentants de la Commission économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Comme le Conseil de sécurité examine la possibilité de déployer des Casques bleus, en vue de remplacer la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA), le Secrétaire général "prendra certainement les mesures visant à encourager une présence politique des Nations Unies plus étoffée", a fait savoir M. Feltman. C'est une décision, a-t-il rappelé, qui appartient au Conseil de sécurité. M. Feltman a également souligné combien la situation politique sur le terrain était complexe et a indiqué que les pays voisins du Mali étaient très préoccupés par les conséquences de ces efforts militaires au-delà des frontières maliennes, ainsi que par les activités des groupes terroristes opérant au Mali. Au cours de cette conférence de presse, M. Feltman a aussi évoqué la Somalie à l'égard de laquelle il s'est dit "optimiste" face aux changements en cours dans ce pays, notamment en ce qui concerne la réforme de la sécurité. "Transformer un Etat qui a échoué en un Etat de droit qui fonctionne pleinement est un processus qui exige beaucoup de temps et d'efforts", a-t-il affirmé sans sous-estimer les défis auxquels ce pays continue d'être confronté. Pour ce qui est du Kenya, il a particulièrement mis l'accent sur les élections de mars prochain, en rappelant qu'elles devaient être crédibles et transparentes, ajoutant qu'aucune forme de violence ne peut être tolérée.