Le président de la Banque centrale américaine, Ben Bernanke, a prévenu mardi d'une ‘‘sévère'' contraction de l'économie américaine en cas de désaccord au Congrès sur les moyens de réduire le déficit budgétaire. Cette mise en garde du patron de la Réserve fédérale intervient au moment où des négociations ont été entamées vendredi dernier entre la Maison-Blanche et le Congrès pour éviter le ‘‘précipice budgétaire''. Le ‘‘précipice budgétaire'‘ correspond à un double mécanisme : l'arrivée à expiration au 1er janvier 2013 d'allègements d'impôts, mis en place sous la présidence de George W. Bush en 2003 et reconduits par Barack Obama pour deux ans depuis fin 2010, et l'entrée en vigueur de coupes importantes dans les dépenses publiques pour un montant global de 600 milliards de dollars. Dans ce sens, M. Bernanke a appelé les deux parties non seulement à éviter ce scénario et à relever le plafond de la dette mais aussi à s'entendre sur un plan à moyen et long termes pour réduire le déficit budgétaire qui dépasse les 1.000 milliards de dollars. ‘‘Se réunir pour trouver des solutions budgétaires ne sera pas facile, mais les enjeux sont élevés'', a-t-il déclaré lors d'un séminaire économique, appelant les décideurs à faire preuve de ‘‘créativité'' et de travailler ensemble ‘‘de manière constructive''. Selon lui, prévenir une contraction ‘‘brusque et sévère'' du budget permettra de renforcer le marché de l'emploi, d'assurer une économie plus forte, et de réhabiliter la situation des finances publiques à long terme. Plus encore, a-t-il estimé, si les décideurs parviennent à un accord pour éviter le précipice budgétaire et baisser le déficit, l'économie américaine ‘‘sera encore plus forte en 2013''. Par ailleurs, M. Bernanke a également insisté sur une autre menace majeure qui guette de près l'économie américaine : le plafond de la dette fédérale, fixé à 16.394 milliards de dollars, devrait être atteint d'ici au 31 décembre 2012, alors que sans un relèvement de ce seuil, la première puissance mondiale se trouvera dans une situation de défaut de paiement. Aux Etats-Unis, le plafond de la dette fédérale ne peut être augmenté sans un accord du Congrès alors que la Chambre des représentants est dominée par les républicains lesquels veulent réduire les dépenses publiques. ‘‘A défaut de parvenir à un accord en temps voulu pour un relèvement du plafond de la dette, les coûts économiques et financiers seront encore plus lourds'', a averti le premier responsable de la Fed. Dans ce sens, il a appelé le gouvernement et les élus à trouver un plan ‘‘crédible'‘ visant à réduire le déficit du pays, estimant qu'il est ‘‘urgent'‘ de protéger l'économie américaine. Il est à rappeler que la difficulté de trouver un accord sur le déficit budgétaire, il y a quelques mois, avait fait perdre aux Etats-Unis leur ‘‘triple A'‘, qui est la note parfaite de solvabilité, auprès de l'agence financière Standard and Poor's. Pour sa part, l'agence Moody's a menacé les Etats-Unis de rétrograder sa note ‘‘AAA'' de leur dette souveraine si les négociations budgétaires ne vont pas dans le sens d'une baisse de l'endettement à moyen terme.