La première économie mondiale est dans la tourmente. Elle a déjà perdu son «triple A» qui est la note parfaite de solvabilité auprès de l'agence financière Standard and Poor's. Depuis quelques mois, l'agence Moody's menace les Etats-Unis de rétrograder leur note «AAA» de leur dette souveraine si les négociations budgétaires ne vont pas dans le sens d'une baisse de l'endettement à moyen terme. C'est face à ce risque de défaut de payement et de grave récession que le président de la Banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a exhorté, mardi dernier, les élus des Etats-Unis à éviter le «mur budgétaire» et à relever sans attendre le plafond de la dette publique du pays. «Le Congrès et le gouvernement vont devoir protéger l'économie en l'empêchant de subir tout le poids du violent assainissement des finances publiques, ainsi qu'on l'appelle», a déclaré M. Bernanke, à New York, dans un discours retransmis à la télévision. Bernanke a rappelé qu'un grand nombre d'économistes étaient d'accord pour dire que cette cure de rigueur forcée, faite de hausse d'impôts pour tous les Américains et de baisse généralisée des dépenses publiques, ferait replonger l'économie américaine dans la récession. La Maison-Blanche et les élus démocrates et républicains du Congrès négocient actuellement un moyen de faire disparaitre tout ou partie de cette menace. A l'issue de son discours, M. Bernanke a rappelé que la Fed était prête «à augmenter son concours monétaire destiné à soutenir la reprise» économique, qu'il voit toujours capable de se renforcer dans les trimestres à venir. Il a, cependant, averti que la banque centrale n'aurait «pas les moyens» d'empêcher une récession si l'économie rentrait de plein fouet dans le «mur budgétaire». Une fois la menace de ce brusque rééquilibrage budgétaire passée, a-t-il ajouté, «il sera nécessaire d'approuver, rapidement au début de l'année, une augmentation de la limite légale de la dette de l'Etat fédéral pour empêcher la moindre possibilité d'un défaut de paiement catastrophique» des Etats-Unis. Cette décision relève du Congrès. Rappelant les graves tensions financières, planétaires qu'avaient entraînées en 2011 les tergiversations des élus avant le relèvement, in extremis, du plafond de la dette, le président de la Réserve fédérale a estimé que «l'incapacité à parvenir à un accord, cette fois-ci, pourrait avoir un coût économique et financier encore plus élevé». «Néanmoins, a-t-il ajouté, l'évitement du «mur budgétaire» et le relèvement en temps utile du plafond de la dette (aujourd'hui à 16 394 milliards de dollars, celui-ci devrait être atteint en décembre, selon le Trésor) ne suffiront pas à faire disparaitre toutes les incertitudes liées à l'évolution à long terme des finances publiques, américaines et qui continuent d'entraver la reprise de l'économie américaine». M. Bernanke a, donc, exhorté, une fois de plus, les élus à adopter «d'urgence» un plan d'assainissement «crédible» des finances publiques, américaines, susceptible de stabiliser ou de faire baisser le ratio de la dette publique au PIB afin «d'assurer la croissance et la stabilité de l'économie à long terme». Il a, néanmoins, renouvelé son souhait de les voir faire preuve de mesure et de ne pas entraver davantage la croissance précaire du pays en amorçant une réduction du déficit trop forte en 2013. «Empêcher un rééquilibrage budgétaire soudain et brutal au début de l'année prochaine contribuera à soutenir le retour de l'économie vers le plein emploi, et, à son tour, une économie plus forte contribuera à réduire le déficit et à la progression vers la viabilité budgétaire à long terme», a-t-il dit. Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI), la dette publique américaine devrait atteindre cette année 107,2% du PIB, et ce ratio devrait monter à 114,2% en 2016.