Une feuille de route pour l'organisation des élections de 2015 vient d'être mise en place par le pouvoir et l'opposition au Burundi, après trois jours de dialogue à Bujumbura initié par les Nations unies dans le but d'éviter le fiasco électoral de 2010. Le gouvernement et les dirigeants des 44 partis enregistrés au Burundi, ainsi que l'Ombudsman (médiateur de la République) et deux anciens chefs de l'Etat, ont signé mercredi un document qui élabore notamment les grandes lignes du "cadre légal" dans lequel devront être organisés les prochaines élections et les principes gouvernant à leur "gestion et conduite". Le texte souligne, entre autres, la nécessité de la mise en place d'une nouvelle Commission électorale indépendante (Céni) et de la rédaction "consensuelle" d'un nouveau Code électoral, prévoit un bulletin de vote unique et une révision périodique des listes électorales, définit les organes chargés du contentieux et propose le regroupement des divers scrutins sur une seule journée. Pouvoir et opposition devront s'asseoir ensemble Dans sa première réaction, le gouvernement, par la voix du ministre de l'Intérieur, Edouard Nduwimana, s'est dit "très satisfait" de la feuille de route, assurant qu'il allait "élaborer très rapidement un calendrier indicatif avec la collaboration de tous les partenaires" en vue de sa mise en application. Pour sa part, l'opposant Alexis Sinduhije, revenu samedi, comme l'opposante Pascaline Kampayano, de deux ans d'exil pour participer à ce premier dialogue interburundais depuis 2010, a souligné que "l'objectif de cet atelier était d'avoir une feuille de route". "Nous avons cette feuille de route. C'est le plus important qui commence aujourd'hui car on va se rencontrer régulièrement, pour mettre tout cela en musique", s'est-il félicité. Absent lors des discussions de Bujumbura, le chef historique des ex-rebelles des Forces nationales de libération (FNL, deuxième force politique du pays), était représenté par son porte-parole, Aimé Magera, également rentré d'exil pour participer au dialogue ouvert lundi dans le but d'éviter la réédition du scénario de 2010. L'opposition avait boycotté les précédentes élections générales de 2010, laissant le champ libre au président Pierre Nkurunziza et à son parti, le Cndd-FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie). Les violences qui avaient suivi le scrutin de 2010 avaient fait craindre une reprise des hostilités à grande échelle dans le pays, ravagé par une guerre civile qui avait fait près de 300.000 morts entre 1993 et 2006. L'ONU poursuivra son soutien au processus politique- Le Représentant spécial du secrétaire général de l'ONU au Burundi, Parfait Onanga Anyanga, a salué mercredi soir le consensus de la classe politique burundaise, dans toute sa diversité, sur les éléments d'une feuille de route devant conduire aux prochaines élections de 2015. "Vos propositions constructives ont permis d'élaborer un ensemble de recommandations pertinentes dont vous pouvez être fiers", a dit le responsable onusien avant d'ajouter : "Elles constituent autant d'éléments d'une feuille de route pouvant permettre le renforcement d'un dialogue politique inclusif au Burundi et la tenue d'élections transparentes, libres et justes". Les Nations Unies, a-t-il souligné, "restent prêtes à être associées dans la poursuite de ce processus de dialogue inclusif, en soutenant notamment une série d'ateliers sectoriels attendus dans un futur proche en vue de la préparation optimale des scrutins à venir". Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'était déjà félicité de "la volonté de dialogue" entre le pouvoir burundais et l'opposition en prévision des prochaines élections. "Pour la première fois depuis (les élections de) 2010, vous vous rassemblez pour parler des élections et, dans une perspective plus large, pour envisager l'avenir politique de votre pays", avait-il dit à l'ouverture lundi du dialogue à Bujumbura.