Le Soudan et le Soudan du Sud ont retiré leurs troupes de leur frontière contestée alors que les premiers observateurs de l'ONU ont commencé à se déployer pour surveiller une zone démilitarisée le long de la zone tampon entre les deux pays. A l'issue d'une rencontre mercredi à Addis Abeba des ministres de la Défense des deux pays voisins, l'Union africaine (UA) a annoncé que Juba et Khartoum "ont satisfait à leurs obligations concernant le retrait de leur côté (respectif) de la frontière". L'UA a, à cet effet, salué les efforts déployés par les deux Soudans pour rendre opérationnelle la Zone frontalière démilitarisée et sécurisée (SBDZ), selon un communiqué de l'organisation panafricaine, publié jeudi. "L'esprit positif et de coopération dont ont fait preuve Khartoum et Juba" a permis de "promouvoir la confiance requise pour faciliter la normalisation complète de leurs relations sur la base de leur engagement à bâtir deux Etats viables", s'est félicitée l'UA dans son communiqué. L'UA a, en outre, félicité la Force intérimaire de sécurité de l'ONU pour Abyei (FISNUA), pour son "action continue en appui aux deux pays", notant que cette action "a été cruciale dans l'accomplissement des résultats enregistrés à ce jour dans la région". Aussi, l'organisation panafricaine a exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à apporter son plein appui à ce processus, en autorisant l'effectif supplémentaire de 1.126 éléments, tel que demandé par la FISNUA, pour faciliter la protection des moniteurs du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière (JBVMM). Des observateurs prêts à surveiller la frontière Le retrait des troupes des deux Soudans de leur frontière contestée intervient alors que les premiers observateurs de l'ONU s'apprêtent à surveiller la zone tampon entre les deux pays. "Le mécanisme sur lequel nous nous sommes mis d'accord a commencé à être mis en œuvre", a indiqué le ministre soudanais de la Défense, Abdelrahim Mohammed Hussein à la presse à son retour d'Addis Abeba. Il a indiqué que depuis mardi, des observateurs soudanais sont à Kadougli, chef-lieu de la province soudanaise du Kordofan-Sud, frontalière du Soudan du Sud, qui servira de base-arrière temporaire pour les équipes conjointes de surveillance des frontières. "Les observateurs du Soudan du Sud arrivent aujourd'hui à Kadougli", a-t-il ajouté. Les observateurs, parmi lesquels des membres des forces de maintien de la paix des Nations unies, seront chargés de vérifier que les armées du Soudan et du Soudan du Sud se retirent de la zone tampon, qui court sur 10 km de large de chaque côté de la frontière délimitée en 1956. Lors d'entretiens dans la capitale éthiopienne au début du mois, le Soudan et le Soudan du Sud, opposés par des heurts intermittents depuis des mois, se sont mis d'accord sur un agenda détaillé pour mettre en œuvre des mesures visant à apaiser les tensions, comme une zone tampon et des accords économiques cruciaux. Khartoum et le SPLM-N doivent négocier Le Soudan et le Soudan du Sud avaient signé auparavant une série d'accords mais jamais appliqués, Khartoum exigeant que Juba s'engage à ne plus soutenir les rebelles du mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM-N). Dans ce contexte, les Nations unies et l'Union africaine poussent le SPLM-N et Khartoum à "négocier" une issue à leurs différends. "Nous sommes prêts à les rencontrer", a indiqué le ministre soudanais de la Défense ajoutant toutefois que d'éventuelles négociations doivent se dérouler dans le cadre de l'accord de paix global qui a mis fin à plus de deux décennies de guerre civile au Soudan, et qui prévoit entre autres un référendum dans les provinces soudanaises du Kordofan et du Nil Bleu. Pour sa part, le SPLM-N, qui avait combattu du côté des Sudistes lors de la guerre civile qui a abouti à la partition et l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011, a répété qu'il était prêt à "négocier directement" avec Khartoum.