L'émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi demeurera le médiateur en Syrie pour les deux organisations, a affirmé le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, au moment où le président syrien Bachar Al Assad réitérait que son départ du pouvoir relevait de la seule et unique décision du peuple syrien. "Lakhdar Brahimi a été et continuera à travailler en tant qu'envoyé spécial (des deux organisations)", avait martelé M. Ban, mercredi, à l'endroit des représentants de la presse internationale qui a laissé entendre ces derniers temps que M. Brahimi, qui doit s'exprimer lundi prochain sur la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU cette semaine, voulait rompre avec la Ligue arabe pour se consacrer uniquement à la médiation de la crise syrienne pour les Nations unies. La Ligue arabe et l'ONU avaient nommé ensemble M. Brahimi à son poste d'émissaire en septembre 2012 pour remplacer Kofi Annan, l'ancien secrétaire général des Nations unies, avec l'objectif de mettre un terme rapide à la crise syrienne. Le président syrien Bachar Al-Assad réaffirmait, le jour même sur la chaîne officielle Al-Ikhbariya, que son départ du pouvoir "relève de la décision du peuple", se disant prêt à poursuivre "la guerre jusqu'à la victoire". "Nous n'avons pas d'autres options que la victoire, car si nous ne sommes pas victorieux, ce sera la fin de la Syrie et je ne pense pas qu'un seul citoyen syrien accepte cette option", a-t-il souligné. Le chef de l'Etat syrien réaffirmait en outre que "des éléments internes et externes ont contribué à faire durer la crise" dans le pays, jugeant "difficile de convaincre les Syriens que l'Etat ne bombardait pas les mosquées et ne tuait pas ses citoyens". Il avait une fois de plus accusé des parties étrangères d'ingérence en fournissant des armes à l'opposition. L'interview du président Bachar Al-Assad qui, avait la veille de la diffusion de cette interview, mardi, décrété une nouvelle amnistie générale pour les crimes commis avant le 16 avril 2013, coïncidait avec la fête nationale syrienne de l'Indépendance, commémorant la fin du mandat français en 1946, a été l'occasion d'accuser les Occidentaux de soutenir le réseau terroriste d'Al-Qaïda en Syrie. "L'Occident a déjà payé très cher le fait d'avoir financé à ses débuts Al-Qaïda. Aujourd'hui il fait la même chose en Syrie, (...) et dans d'autres endroits et il paiera cher au cœur de l'Europe et des Etats-Unis", a déclaré M. Al-Assad sur Al-Ikhbariya. De la même manière, le président syrien avait fustigé l'opposition, affirmant que "toute opposition installée de plein gré à l'étranger ne peut être patriote", en référence à la Coalition de l'opposition en exil. Cette même opposition, représentée par la Coalition nationale de l'opposition syrienne, a estimé jeudi dans un communiqué, que le président Bachar al-Assad était "isolé de la réalité", et ce au lendemain de la diffusion de l'entretien télévisé. Cette interview "révèle qu'il est isolé de la réalité et aveugle à la corruption, la dévastation et le bain de sang qu'il a provoqués", a jugé l'opposition dans son communiqué. Bachar Al-Assad n'a pas omis de mettre en garde l'opinion mondiale que la guerre que connaît son pays pourrait gagner la Jordanie voisine. "L'incendie ne s'arrêtera pas à nos frontières, tout le monde sait que la Jordanie est aussi exposée (à la crise) que la Syrie", a-t-il prévenu. De par son inquiétude légitime face à la contamination du conflit et à sa généralisation, Amman s'est déclaré opposé jeudi à toute intervention militaire en Syrie, après l'annonce par les Etats-Unis du renforcement de leur dispositif militaire en Jordanie et bien évidement en réponse à l'avertissement lancé par le président de la Syrie voisine sur un débordement du conflit dans le royaume. "Notre position concernant la situation en Syrie n'a pas changé. Nous sommes toujours contre toute intervention militaire en Syrie. Nous demandons instamment une solution politique pour mettre fin à l'effusion de sang en Syrie", a indiqué le ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement Mohamed Momani. Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel annonçait un renforcement du dispositif militaire américain en Jordanie, qui dépassera les 200 hommes. Washington avait déjà déployé en octobre environ 150 militaires des forces spéciales en Jordanie pour, officiellement, aider à "établir un quartier général" pour diriger les opérations relatives à la Syrie. Concrètement et sur le terrain, les violences continuent d'endeuiller la Syrie. En deux ans de conflit, on dénombre plus de 70 milles morts, selon les Nations unies et l'observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).