Position - Le Président syrien Bachar al-Assad a affirmé, hier, que les Occidentaux jouaient avec le feu en finançant Al-Qaîda. Le président syrien a laissé entendre qu'il comptait rester au pouvoir jusqu'en 2014, voire au-delà. Dans une interview d'une heure à la chaîne officielle Al-Ikhbariya. Assad a prévenu que la guerre dans son pays pourrait gagner la Jordanie voisine, qu'il accuse d'entraîner les combattants rebelles et de faciliter l'entrée de «milliers» d'entre eux en Syrie. «L'incendie ne s'arrêtera pas à nos frontières, tout le monde sait que la Jordanie est aussi exposée (à la crise) que la Syrie», a-t-il dit. «L'Occident a déjà payé très cher le fait d'avoir financé à ses débuts Al-Qaîda en Afghanistan. Aujourd'hui il fait la même chose en Syrie, en Libye et dans d'autres endroits et il paiera cher au coeur de l'Europe et des Etats-Unis», a prévenu M. Assad. Il faisait allusion à l'aide accordée par Washington dans les années 1980 en Afghanistan aux moujahidine luttant contre l'occupation soviétique, dont ceux d'Al-Qaîda, qui se sont ensuite retournés de manière spectaculaire contre les Etats-Unis en 2001. Dans son interview à l'occasion de la fête de l'Indépendance à la fin du mandat français en 1946, le président syrien a aussi affirmé qu'une défaite de son régime face aux rebelles, qu'il a comme toujours qualifiés de «terroristes», signifierait «la fin de la Syrie ». Il a lié son départ à une décision du peuple, laissant entendre qu'il pourrait se représenter à la présidentielle à l'issue de son mandat en 2014. M. Assad s'en est pris à l'opposition, essentiellement basée à l'étranger, doutant de son patriotisme, minimisant son appui populaire et estimant qu'elle n'était pas à la hauteur pour s'engager dans un dialogue avec Damas. Evoquant une éventuelle intervention humanitaire internationale, dans un pays qui compte désormais selon l'ONU 2,5 millions de déplacés et d'importantes pénuries alimentaires, M. Assad a estimé qu'elle «viserait uniquement à détruire les Syriens» en rendant le pays dépendant de l'étranger. Amman s'est déclaré opposé ce matin à toute intervention militaire en Syrie, après l'annonce par les Etats-Unis du renforcement de leur dispositif militaire en Jordanie et l'avertissement lancé par le président syrien sur un débordement du conflit dans le royaume voisin. «Notre position concernant la situation en Syrie n'a pas changé. Nous sommes toujours contre toute intervention militaire en Syrie. Nous demandons instamment une solution politique pour mettre fin à l'effusion de sang en Syrie», a indiqué le ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement Mohamed Momani. «Pour l'instant, nous ne commenterons pas les déclarations du président Assad pour éviter toutes retombées politiques ou sur la sécurité. Nous examinons la situation», a ajouté M. Momani. Washington a déjà déployé en octobre environ 150 militaires des forces spéciales en Jordanie. Le Pentagone avait alors précisé que les soldats américains aideraient notamment à «établir un quartier général» pour diriger les opérations relatives à la Syrie. «Les troupes américaines sont en Jordanie pour renforcer les forces armées jordaniennes face à la situation en Syrie qui se détériore»", a-t-il ajouté. La Jordanie, un allié clé des Etats-Unis dans la région, dit accueillir plus de 500 000 réfugiés syriens sur son territoire.