Le chef des affaires politiques à l'ONU a déclaré mercredi au Conseil de sécurité qu'en cette période de tensions accrues au Moyen-Orient, une action rapide était plus que jamais nécessaire, non seulement pour résoudre la crise syrienne, mais aussi pour faire progresser le processus de paix israélo-palestinien. ''Alors que la situation ne cesse de se détériorer en Syrie, il est d'autant plus vital d'œuvrer collectivement à préserver la stabilité régionale'', a déclaré le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, lors du débat trimestriel sur la situation au Moyen-Orient au Conseil de sécurité. Selon lui, le ''fragile espoir'' né du réengagement des Etats-Unis au Moyen Orient doit être maintenu, affirmant que la visite effectuée le mois dernier par le président américain, Barack Obama, avait marqué un ''jalon important''. ''Le moment est venu pour la communauté internationale d'agir de manière concertée et avec diligence'', a exhorté M. Feltman, rappelant que les dirigeants arabes avaient confirmé, lors du récent sommet de Doha, leur intention de dépêcher une délégation ministérielle à Washington le 28 avril pour discuter du processus de paix. Toutefois, a-t-il reconnu, tout dépendra de la volonté des parties elles-mêmes de mettre en place les conditions propices à la reprise d'un processus politique. Augmentation considérable du nombre des victimes palestiniennes Evoquant les récents développements sur le terrain, M. Feltman a annoncé qu'au cours de la période considérée, il y avait eu une augmentation considérable du nombre des victimes palestiniennes, à la suite d'affrontements avec les forces israéliennes au cours de manifestations de plus en plus violentes, des violences liées au sort des prisonniers palestiniens. Il a aussi indiqué que les incursions des forces de sécurité israéliennes se caractérisaient néanmoins par un niveau de violence accru, causant la mort de deux adolescents palestiniens et blessé près de 724 personnes, dont 352 enfants, a-t-il précisé, alors que 13 Palestiniens ont été blessés lors d'affrontements avec les colons israéliens, et ce, au cours du premier trimestre de l'année en cours. Par ailleurs, profondément préoccupé par la poursuite des démolitions dans la zone C et à El Qods-Est, M. Feltman a rappelé que les colonies de peuplement étaient contraires au droit international et sapaient la confiance des Palestiniens dans la viabilité d'une solution à deux Etats. Aussi, il a indiqué que la viabilité financière de l'Autorité palestinienne demeurait précaire, en estimant à près de 1,4 milliard de dollars l'assistance internationale nécessaire afin de couvrir le déficit budgétaire de l'Autorité. Abordant la situation à Ghaza, qu'il a qualifiée ''de plus en plus fragile'', M. Feltman a indiqué que le cessez-le-feu négocié le 21 novembre avait connu des revers et que peu de progrès avaient été enregistrés en vue de régler les questions sous-jacentes identifiées par les parties. Concernant la situation qui sévit actuellement en Syrie, M. Feltman a rappelé que le Secrétaire général, par la voix de son Représentant spécial conjoint, Lakhdar Brahimi, avait demandé au Conseil de sécurité de considérer un embargo sur les armes. Les modalités de la mission d'enquête des Nations Unies sur les allégations d'emploi d'armes chimiques en Syrie, a-t-il indiqué, sont toujours discutées avec la Syrie. Le Secrétaire général adjoint a indiqué que les experts, en attendant de pouvoir entrer dans le territoire syrien, étudiaient les informations mises à leur disposition par les Etats membres : ''Ils pourront se déployer en Syrie dans un délai compris entre 24 et 48 heures, dès que le gouvernement syrien aura donné son accord sur les modalités de la mission d'enquête''. M. Feltman a également observé que la situation dans le Golan restait instable avec des affrontements quotidiens entre les forces armées syriennes et les forces de l'opposition, prévenant que les activités militaires dans cette zone risquaient de menacer le cessez-le-feu entre la Syrie et Israël. Mises en garde de la Russie Sur la crise syrienne, le représentant de la Russie à l'ONU a mis en garde, lors de débat, contre l'assistance financière apportée par certains pays aux rebelles en Syrie, qui risque de tomber entre les mains de groupes terroristes. Il a également mis en garde contre la livraison d'armes que certains pays envisageraient, avant de critiquer ''les agissements d'une minorité agressive de la communauté internationale qui ne fait qu'encourager une guerre totale en Syrie''. Il a ainsi estimé que le Communiqué de Genève restait la base d'un règlement de la crise en Syrie, avec notamment la mise sur place d'un organe de transition. Pour sa part, le représentant de la Syrie à l'ONU, Bachar Jaafari, a accusé l'Arabie saoudite et le Qatar, mais aussi la Turquie et certains pays de l'Union européenne, de détourner l'attention du conflit israélo-palestinien en multipliant les déclarations belliqueuses à l'encontre de la Syrie. Selon lui, ''l'Arabie saoudite et le Qatar ont semé les graines du radicalisme religieux auprès de nombreux jeunes musulmans, grâce à l'appât des pétrodollars''.