Le cessez-le-feu était respecté hier par les deux parties, mais l'incertitude demeure Après de violents combats qui ont connu leur pic dimanche et lundi, les partisans du Hamas et du Fatah observaient, depuis mardi, une trêve qui semblait tenir toujours hier. Mais ce cessez-le-feu reste fragile dans la mesure où le plus petit incident peut le rompre. Ce n'est, en fait là, qu'un calme armé intervenu après les médiations égyptienne et saoudienne. Le Hamas et le Fatah se doivent d'y contribuer en reprenant en main leurs milices et autres forces armées. Par ailleurs, une commission britannique a estimé, dans un communiqué diffusé hier, que le boycott du gouvernement palestinien issu du Hamas est «sujet à caution» et pourrait mener à un redoublement des violences. Violences qui ont fait 35 morts et plusieurs dizaines de blessés lors des affrontements qui ont opposé du jeudi au lundi des éléments du Hamas à ceux du Fatah. Sous la pression de l'Arabie Saoudite et de l'Egypte, notamment, les deux parties ont dû conclure, lundi soir, un cessez-le-feu, dont l'annonce a été faite mardi. Quoique quelques incidents ont été signalés ici et là, avec même la mort d'un homme mardi, dans l'ensemble, la trêve tenait toujours hier. Cet accord de cessez-le-feu s'est, par ailleurs, concrétisé par la libération de tous les otages détenus de part et d'autre par les deux camps. Echange d'otages qui eut lieu mardi, ont indiqué hier des responsables des deux mouvements. «Hier soir, nous avons commencé à appliquer l'accord entre le Fatah et le Hamas et les otages des deux côtés ont été échangés», a indiqué le porte-parole du mouvement islamiste Ismaïl Radwane. «Des dizaines d'otages ont été libérés des deux côtés», a confirmé de son côté le porte-parole du Fatah dans la bande de Ghaza, Tawfiq Abou Khoussa. «L'atmosphère est meilleure, a-t-il déclaré, mais (...) la Force exécutive (contrôlée par le gouvernement du Hamas) est toujours déployée dans les rues, ce qui provoque des tensions et n'aide pas au rétablissement de la confiance». Cette trêve a été bien accueillie dans les milieux internationaux, notamment par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui «a pris note de l'annonce aujourd'hui de la conclusion d'un cessez-le-feu à Ghaza et félicite l'Egypte pour ses efforts continus pour calmer une situation volatile et inquiétante», a déclaré la porte-parole de M.Ban, Michèle Montas, dans un communiqué. «Il appelle toutes les parties à respecter les termes du cessez-le-feu et à retourner rapidement au processus de dialogue national dans la recherche de l'unité nationale» a-t-elle ajouté. Certes, il est toutefois à déplorer l'impuissance et l'inaction de l'ONU alors que la solution du conflit israélo-palestinien dépend, toujours, de la volonté de la «communauté internationale» et des Nations unies à faire se conformer Israël aux dispositions des résolutions du Conseil de sécurité et particulièrement les résolutions 242 et 338. Ce qui se passe aujourd'hui dans les territoires palestiniens occupés est directement induit par l'occupation israélienne et l'incapacité de l'ONU de faire appliquer ses résolutions par l'un de ses membres, l'Etat hébreu. D'autre part, les interférences extérieures, comme celles des Etats-Unis, ne manquent pas, par ailleurs, d'aviver la tension entre les deux parties. Ainsi, l'aide de 86, 4 millions de dollars, que le président américain a ordonné d'octroyer aux forces de sécurité -sous contrôle direct du président de l'Autorité palestinienne- peut se révéler une aide empoisonnée pour les Palestiniens qui n'ont certes pas besoin de ce distinguo surtout lorsque un porte-parole de la Maison-Blanche, Gordon Johndroe, souligne que «l'idée consiste à développer les forces de sécurité légitimes, contribuer à faire respecter la loi et l'ordre à Ghaza et en Cisjordanie, combattre le terrorisme et faciliter le mouvement et l'accès à Ghaza en particulier». Voilà un terme, celui de «légitime», en l'occurrence, particulièrement mal employé sachant que le Hamas, démocratiquement élu par le peuple palestinien, est aussi «légitime» que peuvent l'être l'Autorité palestinienne ou le gouvernement dirigé par le Fatah. Ce n'est pas ainsi qu'il sera aidé à apaiser la situation. D'ailleurs c'est ce que, en filigrane, souligne le communiqué d'une commission de la Chambre des communes britannique qui, dans un communiqué diffusé hier, a indiqué que «la communauté internationale a raison de mettre la pression sur le Hamas pour changer ses positions hostiles au processus de paix (mais) il vaudrait mieux que cela soit obtenu par le dialogue et la persuasion plutôt que par l'isolement» du gouvernement palestinien, selon la Commission au développement international de la chambre des Communes. «Le danger de l'approche actuelle est qu'elle pourrait acculer le Hamas et susciter la violence», ajoutent les parlementaires qui concluent: «Nous doutons que ce soit une évolution recherchée par la communauté internationale». Et les événements de ces derniers jours donnent raison aux appréciations pessimistes des parlementaires britanniques.