Le Premier ministre syrien, Waël al-Halaqi, a échappé lundi à un attentat à la voiture piégée à Damas ayant fait six morts et 15 blessés, une situation prouvant une nouvelle fois la nécessité d'un règlement politique au conflit qui ensanglante son pays depuis plus de deux ans. L'attentat visant le Premier ministre a eu lieu à Mazzé, un quartier du centre-ouest de Damas, abritant de nombreuses ambassades, des bâtiments gouvernementaux et des sièges des services de renseignement. De nombreux responsables politiques y résident. Selon la chaîne de télévision syrienne Al-Ikhabriya, l'attaque "visait le convoi du Premier ministre. M. al-Halaqi est indemne et n'a pas été blessé. Toutefois, un de ses gardes du corps a été tué, un deuxième garde et le chauffeur gravement blessés, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les médias syriens font état dans un premier bilan de six morts et 15 blessés. Al-Ikhbariya a diffusé, en différé, des images de M. Halaqi présidant une réunion de travail, présentant celles-ci comme "la preuve" qu'il était bien sain et sauf. Elle a par la suite cité des déclarations du Premier ministre affirmant que l'attentat n'était "qu'une preuve du découragement et du désespoir des groupes terroristes face aux exploits de l'armée syrienne" dans le conflit. M. Halqi avait été nommé le 9 août 2012, après la défection de son prédécesseur Riad Hijab. Le 18 juillet, quatre hauts responsables de la Sécurité, dont le beau-frère du président Bachar al Assad, ont été tués dans un attentat visant le bâtiment de la Sécurité nationale dans le centre de la capitale, et revendiqué par la rébellion armée. Cette nouvelle attaque intervient alors que les appels au dialogue entre les différentes parties en conflit, pour une issue politique à la crise qui ensanglante la Syrie se poursuivent. Le règlement politique et le dialogue comme seule issue à la crise Face aux violences qui ensanglantent la Syrie avec plus de 70.000 morts dénombrés et plus de 1,4 million de réfugiés dans les pays voisins, selon l'ONU, plusieurs pays arabes et occidentaux, dont la Russie, la Chine et l'Iran prônent un règlement politique de la crise syrienne, appelant toutes les parties en conflit au dialogue. Dimanche, l'Iran s'est dite prête, selon son ministre des Affaires étrangères Ali-Akbar Salehi, à accueillir la prochaine réunion du quartette sur la crise syrienne, qui regroupe l'Iran, l'Egypte, la Turquie et l'Arabie saoudite en vue d'accélérer les efforts diplomatiques visant à trouver une solution au conflit. Cette démarche intervient après que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, eut averti qu'une éventuelle victoire des rebelles syriens pourrait entraîner une vague d'insécurité qui "sera une menace pour toute la région". De son côté, l'émissaire russe pour le Moyen-Orient, Mikhail Bogdanov, a insisté lors de sa dernière visite dans la capitale libanaise Beyrouth, sur la nécessité d'un règlement politique de la crise en Syrie basé sur l'accord de Genève adopté le 30 juin 2012 par le Groupe d'action sur la Syrie, qui rassemble les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Chine, Russie, France et Grande-Bretagne), ainsi que des pays représentant la Ligue arabe, la Turquie et les secrétaires généraux de la Ligue Arabe et de l'ONU ainsi que l'Union européenne. L'accord international est "la base sans autre alternative, pour un règlement politique de la crise en Syrie", avait-il affirmé, notant que "l'objectif de ce document est d'établir un dialogue national entre Syriens, pour qu'ils puissent déterminer eux-mêmes leur avenir et celui de leur pays". Aussi, lors d'un récent entretien téléphonique entre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov et son homologue jordanien Nacer Jaoudeh, les deux responsables ont évoqué la nécessité d'"activer" les efforts internationaux et régionaux afin de trouver "une issue politique à cette crise syrienne", avait indiqué un communiqué du ministère russe des AE. Le chef de la diplomatie russe a en outre mis en garde lundi contre l'utilisation de l'argument de recherche d'armes chimiques en Syrie comme un prétexte pour intervenir militairement dans le pays. Il a tenu ces propos alors que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé le gouvernement syrien à autoriser une équipe de l'ONU à enquêter sur une éventuelle utilisation par le gouvernement syrien d'armes chimiques en décembre. Le ministre russe accuse certains pays et acteurs extérieurs d'agiter la menace des armes chimiques comme un prétexte pour insister sur la nécessité d'une invasion étrangère en Syrie. "Il y a des gouvernements et des acteurs extérieurs qui pensent que tous les moyens sont appropriés pour renverser le régime syrien", a-t-il affirmé. Exprimant ses "vives inquiétudes" concernant l'aggravation de la crise en Syrie et ses répercussions sur l'ensemble de la région, le Secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a appelé récemment à "cesser les livraisons d'armes aux belligérants en Syrie", soulignant que "la solution politique demeure la seule alternative pour le règlement de la crise syrienne". Ces déclarations interviennent en soutien au médiateur Lakhdar Brahimi dans sa mission conjointe (ONU-Ligue arabe) en Syrie, qui a suggéré au Conseil de sécurité onusien d'imposer un embargo sur les armes à destination de tous les belligérants en Syrie lorsqu'il s'est adressé au Conseil le 19 avril dernier. De son côté, le ministère syrien des Affaires étrangères a indiqué que la Syrie "cessera de coopérer" avec Lakhdar Brahimi en sa qualité d'émissaire de la Ligue arabe mais travaillera avec le diplomate exclusivement en sa qualité de médiateur de l'ONU. La Ligue arabe a suspendu la Syrie en novembre 2011. Fin mars dernier, elle a accordé le siège dévolu à la Syrie à la Coalition nationale de l'opposition syrienne lors d'un sommet à Doha (Qatar). Alors que gouvernement et opposition se disent prêts au dialogue, la coalition de l'opposition syrienne exige le départ du président Bachar Al-Assad comme préalable à tout règlement politique pour mettre fin au conflit, soulignant que "toute solution doit prendre en considération les demandes du peuple syrien".