Des spécialistes dans le domaine de l'audiovisuel ont souligné, jeudi à Alger, l"'importance" de l'instauration d'un cadre juridique et la création d'une instance de régulation permettant l'ouverture du champ audiovisuel, jugeant que le pays "accuse un retard" dans cette option. Le retard enregistré dans ce domaine est à attribuer notamment aux lenteurs administratives, à la décennie noire, et aux difficultés rencontrées par les initiateurs de projets, ont précisé à l'APS des professionnels dans le domaine de l'audiovisuel. Pour le directeur de l'école supérieure de journalisme, Brahim Brahimi, "un équilibre doit être créé entre les chaînes privées et les chaînes publiques pour plus de diversité et de richesse culturelle". Il a proposé, à cet effet, l'installation d'une instance de régulation pour établir des règles permettant une "meilleure" gestion de ces canaux et "fixer des objectifs à atteindre pour les différentes chaînes". Les chaînes de télévision doivent avoir comme feuille de route la diffusion de l'information et programmer des émissions éducatives, culturelles et de divertissement, a-t-il suggéré, ajoutant que "les responsables de ces chaînes seront dans l'obligation de présenter des cahiers de charges avant de soumettre leur demande d'agrément". Les pouvoirs publics devraient également réfléchir à créer des chaînes régionales maghrébines et thématiques dans le but d'attirer une plus importante audience et de concurrencer les autres groupes de télévision, a notamment préconisé M. Brahimi. De son côté, l'ancien directeur de l'information de la télévision, Amar Bekhouche, a insisté sur la mobilisation d'experts nationaux et la mise en place d'un arsenal juridique et institutionnel encadrant le secteur de l'audiovisuel. Il a aussi proposé de trouver un cadre "paritaire" pour la corporation, dans un "total respect" des règles et de prendre en considération les expériences réussies dans le domaine de l'audiovisuel. Pour le directeur général d'Ennahar TV, Anis Rahmani "la presse audiovisuelle est passée par des perturbations auxquelles il est impératif d'y remédier pour consolider la stabilité du pays et renforcer la communication médiatique". Les experts désignés pour fixer les règles du champ audiovisuel doivent prendre en compte les avis de personnes expérimentées dans les domaines de la télévision et de la radio, et ce, "dans l'intérêt du développement socio-économique du pays". "Les avis des jeunes doivent également être pris en considération pour attribuer à la télévision une image jeune et dynamique", a-t-il ajouté. L'Algérie dispose d'un potentiel humain "important", a-t-il relevé, soulignant qu"'elle est capable de concurrencer les chaînes de télévision de la région du Maghreb, à condition de réunir un cadre favorable à cette ouverture". Quant à la rédactrice en chef d'El-Chourouk TV, Fatiha Zemamouche, "les télévisions régionales naissent dans des conditions particulières par lesquelles passent actuellement les pays du Maghreb et du Moyen-Orient". Selon elle, "la télévision donne la possibilité aux citoyens de s'exprimer et de soumettre leurs préoccupations qui devraient être prises en charge par les pouvoirs publics". Elle a aussi appelé à l'élaboration de lois susceptibles de protéger les journalistes dans leur fonction afin de leur permettre d'exercer leur métier dans de meilleures conditions.