Une fusion harmonieuse et judicieuse des musiques traditionnelles et anciennes d'Algérie et de Pologne a donné lieu à un entraînant programme présenté mardi soir à l'auditorium de la Radio algérienne à Alger dans le cadre du 14e Festival culturel européen. A la tête d'un groupe de trois musiciens, Maria Pominaowska a conjugué le répertoire puisé de son pays d'origine avec celui du groupe algérien Djamawi Africa, un travail qui aura duré quatre jours et qui a su captiver un public assurément conquis et souvent emporté par la multitude de styles présentés. Accompagnée de Bart Palyga (multi-instrumentiste et chanteur) et de de Pawel Betley (flûtiste), Maria Pominaowska a entamé le concert par des morceaux issus du patrimoine musical traditionnel polonais et mis en valeur par une voix puissante et la dextérité de son instrument traditionnel, un mélange entre le "Rabab" et le violon. Un programme aux rythmes divers et alternés allant du lent au cadencé en passant par les plus dansants, ce registre rappelant fort les airs de la chanson kabyle particulièrement accentués. L'Oberek, une danse traditionnelle polonaise composée au IVIème siècle, est exécutée avec toute la frénésie qui caractérise ce patrimoine propre aux villages de cette nation d'Europe de l'Est dont la richesse culturelle n'est pas sans rappeler, par certains points, celle de l'Algérie. La seconde partie du programme est le fruit de la collaboration entre les musiciens polonais et Djamawi Africa qui a présenté, à l'occasion, quelques nouveautés contenues dans leur prochain album, dont "Derdeba" et une chanson inspirée de l'Ahellil, style propre à la région de Timimoun. "Lama bada yatathanna" (quand elle marchait avec grâce), une poésie arabo-andalouse réputée et que Maria Pominaowska a adapté il y a quelques années à la tradition musicale polonaise a ravi le public qui a apprécié, du reste, le mélange des genres né des instruments modernes introduits dans le programme. Maria Pominaowska, qui se produit pour la seconde fois en Algérie est directrice artistique du Festival interculturel de Varsovie et lauréate de plusieurs prix et distinctions, dont Gloria Artis et l'Ordre du mérite de la Croix. Docteur en art, fondatrice du premier département de musique ancienne polonaise et des musiques classiques européennes, arabe et asiatique, elle a participé à de nombreux projets destinés à promouvoir la culture et les arts polonais, entre autres dans les pays arabes, à l'exemple du projet "Love and coexistence" (amour et coexistence), en collaboration avec des artistes arabes. Composé de huit membres, Djamawi Africa est la résultante d'une union de genres musicaux aussi éclectiques que le châabi, le gnawi, le métal, le reggae, l'andalou, le rock et la musique classique. Le groupe est réputé pour réussir des fusions entre ces genres et les influences qu'il présente avec toute la fougue de leur jeunesse. Il défend particulièrement l'appartenance africaine de l'Algérie qu'il met souvent en évidence dans son répertoire. Le Liban et la Tunisie ont déjà étrenné des collaborations similaires avec les musiciens polonais sous formes d'ateliers, respectivement en mars et en novembre 2012.