La Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU pour la République centrafricaine a affirmé mercredi devant le Conseil de sécurité que ce pays, livré à des actes de vengeance commis contre la population par des éléments de la Séléka, avait sombré dans un état d'''anarchie'' où règne un ''mépris total du droit international''. Présentant le rapport du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, sur la situation en République centrafricaine, Margaret Aderinsola Vogt a relevé ''le besoin urgent d'aider à restaurer la stabilité et la sécurité'' dans ce pays africain, en proposant le déploiement d'une force de sécurité neutre en mesure de ''contenir l'état actuel d'anarchie'' et d'obliger les éléments rebelles à se conformer au cadre de sécurité prévu à Libreville. Le Conseil de sécurité et l'ensemble de la communauté internationale ''doivent agir rapidement pour protéger la population de l'assaut de ces groupes armés'', a insisté la Représentante spéciale, en faisant observer que la situation à Bangui, la capitale de la République centrafricaine, où se concentrent 1,5 millions d'habitants, soit un tiers de la population nationale, était ''particulièrement préoccupante''. Dans son rapport, le Secrétaire général qualifie la situation dans le pays d'''effroyable'' et ''intolérable'' et demande à la communauté internationale d'envoyer un message fort aux chefs de la Séléka pour leur signifier que les meurtres, les pillages et le renversement inconstitutionnel du gouvernement de la République centrafricaine ne resteront pas impunis. ''Des assassinats aveugles et souvent ciblés, des viols, les agressions contre la population, le recrutement flagrant d'enfants soldats, le pillage de maisons, d'églises et de couvents, tout cela continue, près de deux mois après que la Séléka s'est emparée du pouvoir'', a indiqué Mme Vogt dans son exposé. Estimant que les dirigeants ''ne sont pas capables ou ne veulent pas contrôler les rangs des groupes de milices ou les commandants locaux'', elle a expliqué que le pays semblait être devenu ''un havre pour différentes forces rebelles qui cherchent à exploiter les ressources naturelles qui font la renommée de la République centrafricaine''. ''Pour compliquer encore le tableau, l'insécurité croissante dans le pays constitue aujourd'hui une menace directe à la sécurité de ses voisins, en particulier la République démocratique du Congo (RDC), le Tchad et le Cameroun'', selon elle. Elle a aussi rappelé que les différents sommets, qui s'étaient tenus à Libreville, à N'djamena et à Brazzaville, avaient posé des règles politiques de base solides à suivre pour le nouveau régime à Bangui, ainsi qu'une feuille de route claire des tâches qui doivent être accomplies pour permettre le rétablissement d'un régime démocratique en République centrafricaine. Mme Vogt a ainsi cité la cessation de toutes les hostilités et le rétablissement de la sécurité sur tout le territoire de la République centrafricaine, le retour à l'ordre constitutionnel, en rappelant que le Premier ministre dirige le gouvernement, tandis que le président autoproclamé Michel Djotodia est le chef de l'Etat de transition et préside le Conseil de transition. A ce propos, elle a fait remarquer que M. Djotodia, qui avait accepté les décisions des chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), n'a pas respecté ses engagements, ajoutant que ce dernier ''insiste sur son rôle de président, en se référant constamment aux décrets qui le désignent en tant que tel et qui lui donnent ainsi le pouvoir de limoger le Premier ministre contrairement aux accords de Libreville''. Pour sa part, le représentant permanent du Tchad auprès des Nations unies, dont le pays préside la CEEAC, a appelé à ''éviter que la plaie au c£ur de l'Afrique, à savoir la République centrafricaine, ne se gangrène et ne contamine toute la sous-région''. Il est urgent que l'Afrique et la communauté internationale s'engagent concrètement aux côtés de la CEEAC et en appui à la transition en République centrafricaine pour assister les populations en danger, a-t-il insisté.