Le ministre de la Justice, Nadhir Ben Ammou, a minimisé vendredi des critiques adressées récemment par l'ambassade américaine contre la justice tunisienne au sujet des jugements prononcés à l'encontre des prévenus impliqués dans l'affaire de l'attaque de son siège, le 14 septembre 2012. Le représentant du gouvernement tunisien a annoncé lors d'une conférence de presse que le ministère public a décidé d'interjeter appel des verdicts rendus précisant que la réaction américaine "doit être interprétée comme une simple opinion exprimée et non pas comme une ingérence dans les affaires judiciaires ou une quelconque mise en doute de l'indépendance du pouvoir judiciaire". "Des évènements ponctuels" ne peuvent pas influer sur les relations tuniso-américaines, a déclaré le ministre qui a précisé que l'Etat "est déterminé à imposer " la primauté de la loi et à poursuivre les contrevenants. L'observatoire tunisien pour l'indépendance de la justice avait condamné les accusations américaines contre la justice tunisienne qu'il a qualifiées d"atteinte" à la souveraineté nationale tunisienne, appelant toutes les parties à respecter les principes internationaux concernant l'indépendance de la justice. Tout en condamnant tout acte de violence contre les représentations diplomatiques, l'observatoire a rappelé que ces actes n'avaient pas causé des dégâts à l'ambassade américaine seulement, mais avaient fait aussi 4 morts parmi les Tunisiens outre 94 blessés. Pour sa part, l'association des magistrats tunisiens a exprimé, dans un communiqué, son étonnement à l'égard des accusations américaines contre la justice tunisienne exprimant son rejet total à la réaction américaine incitant le pouvoir exécutif à s'ingérer dans les affaires judiciaires. Des centaines de salafistes avaient attaqué le 14 septembre dernier le siège de l'ambassade américaine à Tunis pour protester contre la diffusion d'un film islamophobe produit aux Etats-Unis. Ces jugements prononcés "en toute neutralité et indépendance" font l'objet d'un recours en appel par le ministère public, avait précisé le chargé de la communication au ministère tunisien de la Justice. Dans le même cadre, le président du collectif de défense des prévenus impliqués dans l'affaire de l'attaque de l'ambassade américaine avait dénoncé la réaction américaine la qualifiant d"'ingérence flagrante dans les affaires de la justice tunisienne". "La Tunisie est un Etat souverain" et "aucun Etat n'a le droit d'ingérence dans les affaires judiciaires d'un autre Etat", a-t-il souligné dans des déclarations à la presse.