La situation en Egypte demeure explosive après l'appel à un "soulèvement" lancé lundi par les Frères musulmans suite aux tirs des militaires contre une foule d'assaillants faisant 16 morts parmi les partisans du président destitué Mohamed Morsi. Le parti de la justice et de la liberté (PLJ) des Frères musulmans a néanmoins nuancé cet appel en pressant "la communauté internationale, les groupes internationaux et tous les hommes libres du monde d'intervenir pour empêcher d'autres massacres (...) et l'apparition d'une nouvelle Syrie dans le monde arabe". L'armée égyptienne s'est justifiée par voie de presse en accusant des "terroristes armés" qui ont attaqué le siège de la Garde républicaine au Caire, "A l'aube, un groupe de terroristes armés a essayé d'envahir le (bâtiment) de la Garde républicaine, attaquant les soldats et la police, provoquant la mort d'un officier et blessant plusieurs conscrits, dont six sont dans un état critique", avait indiqué un communiqué publié par le quotidien gouvernemental El Ahram. Mohamed ElBaradei, prix Nobel de la paix a condamné via son compte twiter les violences d'ou qu'elles viennent. "La violence engendre la violence et doit être condamnée avec fermeté. Une enquête indépendante s'impose. La transition pacifique est la seule voie", a écrit le prix Nobel de la paix sur son compte Twitter. Le Front de salut national (FSN), une coalition de partis de gauche, a également "vivement" condamné ces violences et a appelé à une enquête transparente. Les rues égyptiennes ne desemplissent pas de partisants et d'opposants du président déchu. Des centaines de milliers d'opposants à Mohamed Morsi étaient rassemblés dimanche en Egypte, notamment sur la place Tahrir au Caire, dans une démonstration de force destinée à prouver que l'ex-président islamiste a été renversé par une révolution populaire et non un coup d'Etat. Dans le même temps, la transition lancée avec la nomination jeudi d'Adly Mansour comme président par intérim semblait peiner à se mettre en place. Après avoir refusé le prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei comme Premier ministre, le parti salafiste al-Nour a également exprimé ses réserves concernant Ziad Bahaa Eldin, un technocrate de centre-gauche que la présidence a affirmé vouloir "très probablement" nommer lundi. De leur côté, les frères musulmans continuaient à mobiliser leurs troupes pour maintenir la pression sur l'armée, qui détient M. Morsi depuis sa destitution. Selon les observateurs, ces mobilisations rivales font peser le risque de nouvelles violences meurtrières, alors qu'au moins 37 personnes avaient été tuées vendredi, notamment en marge de rassemblements de dizaines de milliers de sympathisants des Frères musulmans. Les mêmes observateurs relèvent que des clivages persistent au sein des forces associées à la transition à propos de la désignation du prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei qui a été annoncé samedi soir comme nouveau Premier ministre. Choix qui s'est heurté aux objections du parti salafiste al-Nour, partenaire islamiste d'une coalition principalement composée de mouvements laïques. La présidence par intérim manœuvre pour trouver un consensus au sein de cette mosaïque composant la coalition en proposant que "Ziad Bahaa Eldin sera très probablement nommé Premier ministre et Mohamed ElBaradei vice-président". Quelques heures plus tard, le chef d'al-Nour rejetait cette nomination en raison de l'"affiliation" de M. Bahaa Eldin au Front du salut national (FSN, principale coalition de l'opposition à M. Morsi), plaidant pour "un technocrate qui fasse consensus ou soit accepté par 80% à 90%" des Egyptiens". Dans le nord de la péninsule instable du Sinaï égyptien, les islamistes multiplient, selon les médias, les attaques armées tuant un soldat et faisant craindre le pire notamment depuis l'annonce des services d'urgences relayée par les agences de presse faisant état d'au moins 42 morts et des centaines blessées lundi matin après que des soldats et des policiers eurent ouvert le feu sur les manifestants. Enfin, le siège du parti des Frères musulmans a été fermé sur décision des autorités égyptiennes après la découverte d'armes.