Samedi, un immense cortège a accompagné le député assassiné à sa dernière demeure Samedi, après les funérailles de Mohamed Brahmi, tué jeudi de 14 balles tirées à bout portant, des protestataires s'étaient rassemblés devant l'ANC pour un sit-in brutalement dispersé par la police. L'opposition laïque en Tunisie réclame la dissolution de la Constituante et la démission du gouvernement islamiste après l'assassinat d'un député d'opposition, de nouvelles manifestations étant attendues dimanche. En début d'après-midi hier, les rues de la capitale écrasée sous la chaleur étaient cependant quasiment désertes. Samedi, après les funérailles de Mohamed Brahmi, tué jeudi de 14 balles tirées à bout portant, des protestataires s'étaient rassemblés devant l'Assemblée nationale constituante (ANC) pour un sit-in brutalement dispersé par la police. Un député de gauche a été blessé et des manifestants molestés et pourchassés à coup de gaz lacrymogène. La protestation a ensuite repris dans la nuit sur la place du Bardo où se trouve le palais de l'ANC. Des milliers de manifestants anti et pro gouvernement y ont campé jusqu'à l'aube. Séparés en deux groupes par des barricades et un dispositif sécuritaire important, les pro-islamistes d'Ennahda, le parti au pouvoir, et les anti-gouvernement ont bruyamment manifesté, criant et échangeant des invectives. «C'en est fini de (Rached) Ghannouchi (le chef d'Ennahda) le peuple veut la chute des assassins», ont scandé les uns. «Il n'y a pas de Sissi (chef de l'armée égyptienne) en Tunisie, légitimité pour l'ANC», «pas de retour à la bande du RCD (le rassemblement constitutionnel démocratique, parti du président déchu Ben Ali)», ripostaient les pro-islamistes. A 02H00 GMT, la police a fait usage de gaz lacrymogènes lorsque les deux groupes ont commencé à se lancer des pierres. La police a aussi démantelé des tentes destinées à abriter un sit-in «permanent jusqu'à la chute» du pouvoir -gouvernement et ANC- à l'appel de l'opposition. «Après l'assassinat de Mohamed Brahmi, le gouvernement incompétent doit démissionner et laisser la place à un gouvernement de salut national» a déclaré Samir Taïeb, une figure de la gauche. Il a affirmé que le nombre des députés ayant décidé de boycotter l'ANC a atteint 65 des 217 élus, un député ayant démissionné récemment. «La Tunisie risque un dérapage sans précédant si le gouvernement persiste», a-t-il estimé. «Ce gouvernement a échoué à assurer la dignité et la sécurité aux Tunisiens, le meurtre de Brahmi, en est bien la preuve», a déclaré de son coté Maya Jribi, secrétaire générale du Parti Républicain, appelant à un gouvernement de salut national. Les autorités ont désigné les auteurs de l'assassinat, comme étant des salafistes jihadistes proche d'Ansar Ashari'â, une organisation dont des membres sont soupçonnés d'être liés à Al Qaîda. Ansar Ashari'â a démenti hier toute implication, dans un communiqué publié sur sa page officielle Facebook, affirmant n'avoir «aucun lien avec cet assassinat politique qui fait partie de tentatives connues pour pousser le pays vers le chaos et ne profite qu'aux résidus de l'ancien régime et aux suppôts des sionistes et croisés». Le ministère de l'Intérieur avait publié vendredi une liste de 14 suspects impliqués selon lui dans le meurtre de Brahmi mais aussi dans celui en février de Chokri Belaïd, autre opposant de gauche critique acerbe des islamistes. Les proches des deux opposants accusent directement Ennahda et les manifestants ont répété «Ghannouchi assassin». Ailleurs dans le pays, un manifestant a été tué à Gafsa (centre-ouest) vendredi. Des établissements publics et des locaux d'Ennahda ont été saccagés ou incendiés dans plusieurs régions.