La contestation s'installe au Mali alors que l'ancien Premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta arriverait en tête du premier tour de l'élection présidentielle, selon des résultats provisoires. L'annonce officielle des premiers résultats de la présidentielle malienne, qui s'est tenue dimanche, pourrait tendre les relations entre les partisans d'Ibrahim Boubacar Keïta et ses rivaux, et compliquer la situation au Mali, ont rapporté mercredi des médias. Après le dépouillement d'un tiers des bulletins de vote, l'ancien Premier ministre et favori Ibrahim Boubacar Keïta, 68 ans, disposerait d'une avance confortable et pourrait l'emporter dès le premier tour, comme l'a officiellement annoncé mardi en fin de journée le ministre de l'Administration territoriale, le colonel Moussa Sinko Coulibaly. "Un candidat, Ibrahim Boubacar Keïta, dispose d'une large avance sur les autres candidats", a-t-il déclaré à la presse."S'il maintient (cette avance), il n'y aura pas besoin de second tour". Le ministère de l'Administration territoriale, en charge de l'organisation de la consultation, n'a pas communiqué de chiffres précis aux journalistes, mais a indiqué que les résultats reflétaient le vote à travers le pays et avaient été certifiés par la commission électorale. Contestations immédiates Si quelques minutes après cette annonce, les partisans d'Ibrahim Boubacar Keïta ont sillonné des rues de la capitale en hurlant "IBK, IBK !" à bord de voitures qui klaxonnaient, ses adversaires avaient prévenu qu'ils contesteraient les résultats en cas d'absence de second tour, et ils ont tenu parole. Dans le camp de l'ex-ministre des Finances Soumaïla Cissé, qui arriverait en deuxième position, on a immédiatement rejeté ces résultats partiels et appelé à la démission du ministre chargé de l'organisation du scrutin. Les opposants réclament également l'instauration d'une commission internationale qui procéderait au dépouillement des bulletins dans l'hypothèse d'un second tour. Amadou Koita, l'un des porte-parole de Soumaïla Cissé a qualifié de "scandaleuse" l'annonce faite mardi soir. "C'est scandaleux. Un ministre, lorsqu'il évoque les résultats de l'élection, se doit de fournir les chiffres et les pourcentages de chacun des candidats", s'est-il insurgé. "Nous rejetons simplement les projections qui ont été annoncées, appelons le ministre à démissionner et à l'établissement d'une commission internationale pour compter les voix", a-t-il ajouté. Il a également mis en doute le fait que le ministre ait pu fournir une projection en se fondant sur un tiers des bulletins alors que la commission électorale, à laquelle participent des représentants de tous les camps, n'a compté que 12% des voix pour l'instant. " Il appartient à M. Cissé de faire la preuve de ce qu'il avance en utilisant les canaux légaux existants", a réagi Louis Michel, ancien ministre belge qui préside la mission d'observateurs de l'Union européenne au Mali. " Les imperfections (du scrutin) auront des répercussions aussi bien sur les vainqueurs que sur les perdants". Bonne tenue du scrutin malgré les tensions dans le pays Les observateurs ont, dans leur majorité, salué la bonne tenue de cette élections. Près de 6,9 millions d'électeurs étaient appelés à choisir leur futur président parmi 27 candidats. Le scrutin a connu une forte participation (53,3% à l'échelle nationale d'après les dernières estimations, et environ 60 % pour la capitale Bamako) et n'a pas été entaché, comme le redoutaient certains, d'incidents majeurs. Seuls les maliens de l'étranger ont peu voté. " Le taux de participation dépasse à peine 10 %", déclarait mardi soir Moussa Coulibaly. Le dépouillement devrait être totalement terminé dans la journée de mercredi. Les missions d'observateurs des élections de l'Union européenne(UE) et de l'Unité africaine(UA) ont exprimé leur satisfaction quant au déroulement de la présidentielle au Mali appelant "les candidats à accepter les résultats issus du dépouillement". "Le gouvernement malien a été en mesure d'organiser des élections intègres et transparentes", indique un communiqué rendu public mardi par la mission des observateurs de l'UE affirmant que le scrutin s'est déroulé dans de bonnes conditions à hauteur de 92% à travers 688 bureaux de vote.