L'offensive diplomatique déclenchée par les Etats-Unis pour intervenir militairement en Syrie se poursuivait dimanche avec la tournée du secrétaire d'Etat John Kerry en Europe, où il tente d'obtenir davantage de soutien à cette démarche, avant le vote dans les prochains jours du Congrès américain. Dans le cadre de son bref périple destiné à convaincre ses homologues de l'UE du bien-fondé du projet de frappes contre Damas accusé d'avoir perpétré une attaque chimique le 21 août près de la capitale, M. Kerry rencontrera, ce dimanche à Paris, les ministres égyptien et saoudien des Affaires étrangères et des représentants de la Ligue arabe. La veille, au côté du chef de la diplomatie française Laurent Fabius, M. Kerry a affiché à Paris sa détermination pour "sanctionner" militairement le gouvernement syrien. Les deux ministres se sont dits assurés d'un soutien international "large et grandissant" au projet américano-français d'une opération armée "courte et ciblée". De plus, M. Fabius s'est félicité que "sept des huit pays du G8" et "12 pays du G20 (...) partagent notre analyse sur une réaction forte", en parlant aussi des soutiens des 28 de l'Union européenne et du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Ce groupe régional (Bahreïn, Koweït, Oman, Emirats arabes unis, Qatar, Arabie saoudite) a exhorté la communauté internationale à intervenir immédiatement en Syrie pour "délivrer" le peuple syrien de la "tyrannie". Pour sa part, M. Kerry s'est vanté qu'un "un nombre de pays à deux chiffres", qu'il n'a pas nommés, soient "préparés à prendre part à une action militaire" en Syrie, en proie à un conflit depuis mars 2011. L'Australie, le Canada, la France, l'Italie, Le Japon, la Corée du Sud, l'Arabie saoudite, l'Espagne (invité permanent du G20), la Turquie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, ont signé vendredi à Saint-Pétersbourg (Russie) un appel à une "réponse internationale forte", après l'attaque chimique présumée du 21 août dans la banlieue de Damas . L'Allemagne a également apporté son soutien à cette déclaration. Et les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, réunis ensuite à Vilnius, sont tombés d'accord sur la nécessité d'une "réponse claire et forte" mais sans parler d'opération armée. La requête d'Obama divise les Américains Après une étape à Londres pour voir dimanche soir le président palestinien Mahmoud Abbas et le lendemain le chef de la diplomatie britannique, William Hague, le secrétaire d'Etat américain doit regagner Washington lundi, jour où le Congrès doit examiner la question des frappes, comme l'avait décidé le week-end dernier le président Barack Obama. Ce dernier, affaibli par l'absence de consensus qu'il a recherché vainement auprès du G20 lors du sommet de Saint-Pétersbourg (Russie), doit s'adresser mardi à la Nation pour tenter d'aplanir les divergences au sein du Congrès et de l'opinion publique américaine. Selon un décompte d'intentions de vote réalisé par plusieurs organismes spécialisés auprès des élus républicains et démocrates de la Chambre des représentants, il en ressort que la majorité d'entre eux voteront probablement ou définitivement contre une résolution autorisant une intervention armée en Syrie. Par ailleurs, les sondages affirment que 60% des Américains sont contre une intervention militaire en Syrie et 70% ont exprimé leur opposition à armer les rebelles syriens. Le rapport de l'ONU jugé important A l'instar de son homologue américain, le président français François Hollande a lui aussi promis de s'adresser aux Français après le vote du Congrès américain et la remise du "rapport des inspecteurs" de l'ONU. "Lorsque le Congrès (américain) aura voté -je pense jeudi ou vendredi- et lorsque nous aurons le rapport des inspecteurs, sans doute à la fin de la semaine, à ce moment-là, il y aura une décision à prendre y compris après une éventuelle saisine des Nations unies", a-t-il déclaré en marge de l'ouverture des 7e Jeux de la Francophonie à Nice. Aux yeux de la plupart des Etats de l'UE, le rapport de l'ONU attendu prochainement représente une "étape essentielle", susceptible de confirmer de manière indépendante les accusations d'attaques aux gaz toxiques. Les échantillons biomédicaux et environnementaux prélevés par l'équipe d'experts des Nations Unies sur le site d'une attaque présumée à Ghouta, en banlieue de Damas, sont actuellement en cours d'analyse par quatre laboratoires européens. Dans l'attente du rapport onusien, les condamnations d'un possible recours contre Damas se poursuivent : les neuf pays membres de l'Alba, un bloc régional latino-américain fondé par le Venezuela et Cuba, ont "catégoriquement" dénoncé samedi une éventuelle intervention militaire en Syrie, et annoncé l'envoi d'une aide humanitaire aux réfugiés au Liban voisin.