Un groupe d'artistes algériens vient de lancer un appel via Internet demandant aux autorités publiques de permettre la création d'un espace dédié à l'art et à la culture en lieu et place des actuels abattoirs d'Alger, appelés à déménager de leur quartier de Hussein Dey. Dans un texte intitulé : "Les abattoirs d'Alger, une aubaine pour l'art", des artistes de tous les horizons en appellent à la compétence du ministère de la Culture pour que ces abattoirs, en voie de cession d'activité, puissent être transformés, même en partie, en une "structure vivante (et un) lieu d'échanges et de rencontres" sous la forme d'expositions, d'ateliers et autre. Pour originale qu'elle soit, l'initiative, émanant de peintres, plasticiens, sculpteurs et designers algériens, vise principalement à faire sortir les arts visuels de la "léthargie" dont ils souffrent dans la capitale, estiment les auteurs du texte dont la volonté, disent-ils, est de "structurer, dynamiser et encourager la production artistique sous toutes ses formes". Ils souhaitent également, à travers ce réaménagement des abattoirs, créer un "pôle de vie qui valorise les artistes et l'art", et qui offrirait à l'Algérien un espace pour "accéder à la production de ses artistes". Cette demande s'inspire d'expériences relevées dans de nombreux autres pays, à l'exemple des anciens abattoirs du Testaccio à Rome (Italie) qui abritent aujourd'hui le Musée d'art contemporain de Rome. Il y a aussi le 798 de Pékin, un "village des artistes" créé à l'emplacement d'une ancienne usine d'équipements électriques datant de l'époque de Mao par des artistes chinois qui ont pu ainsi réaménager cet espace tout en conservant son aspect architectural originel. Datant de l'époque coloniale, le centre d'abattage du Ruisseau compte trois salles d'abattage de 3.250 m2 ainsi que des écuries aménagées de 3.764 m2 mais qui ne répondent plus aux normes actuelles. Sa fermeture annoncée par les pouvoirs publics avait été reportée dans l'attente de la construction d'une infrastructure similaire en dehors du centre de la capitale. Les internautes favorables à l'idée La pétition, qui a recueilli, jusqu'à présent, près de trois cents signatures, a également suscité de nombreuses réactions de signataires (citoyens, artistes, journalistes...), unanimes à saluer une "très bonne initiative" au service de la culture en Algérie. "Ce lieu serait parfait pour l'expression artistique... donnons la chance à nos artistes de s'exprimer", écrit un producteur de cinéma. "Cela permettrait aux abattoirs qui sont un monument d'architecture de ne pas être détruits", relève une autre signataire, rejoint par un autre qui trouve que la réalisation d'un tel projet "redonnerait, par sa symbolique, de l'espoir à des pans entiers de la société algérienne". Outre cette proposition, les auteurs du texte réclament également une reconnaissance du statut d'artiste en Algérie, "en déclarant d'utilité publique la profession d'artiste et en encadrant juridiquement les métiers de l'art", par l'"attribution d'un identifiant fiscal aux artistes et aux professionnels" des arts, écrivent les promoteurs de l'appel. Outre leur architecture particulière qui semble convenir aux activités liés à l'art, les bâtiments des abattoirs d'Alger offrent l'avantage d'un espace ouvert, sont proches de plusieurs infrastructures culturelles importantes (Musée des Beaux-arts, Bibliothèque nationale, Palais de la culture, Centre des arts, Jardin d'essai...) et sont desservis depuis peu par un véritable système multimodal de transport qui les rend facilement accessibles aux visiteurs.