Un sommet européen de deux jours se tiendra jeudi et vendredi à Bruxelles avec pour objectif de dégager une politique commune concernant l'immigration clandestine et la surveillance aux frontières de l'Union européenne, trois semaines après deux naufrages qui ont fait environ 400 morts près de l'île italienne de Lampedusa. Le contrôle aux frontières de l'Union européenne "est un effort qui doit être partagé par l'ensemble de l'Union", a affirmé le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, mercredi au Forum économique du Dialogue 5+5 à Barcelone (Espagne), à la veille du sommet. A Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement des pays européens confrontés quotidiennement à l'afflux de migrants en Méditerranée, comme l'Espagne, entendent exiger de leurs homologues plus de solidarité concrète, trois semaines après deux naufrages qui ont fait environ 400 morts près de l'île italienne de Lampedusa. "Lors du Conseil européen de demain, je défendrai devant mes partenaires européens la nécessité de redoubler d'efforts pour éviter que ne se répètent des drames de cette nature", a déclaré Mariano Rajoy. Pour lui, "le contrôle aux frontières est un effort qui doit être partagé par l'ensemble de l'Union, les Etats membres, les institutions". Concernant les Etats tiers dont est issue l'immigration ou par lesquels elle transite, "la clef c'est de comprendre que l'amélioration des conditions de vie des pays d'origine concourt à la solution du drame", a-t-il affirmé. La Grèce et Malte avaient déjà exprimé lundi leur souhait de parvenir à une position commune avec l'Espagne, l'Italie et la France sur la question des migrants, afin que l'Europe "partage (leur) fardeau". "Les migrants qui arrivent en Grèce, aussi nombreux que mes concitoyens qui sont au chômage, font peser un lourd fardeau sur mon pays", a affirmé devant la presse à La Valette le Premier ministre grec Antonis Samaras, à l'issue d'une rencontre avec son homologue maltais, Joseph Muscat. Les deux chefs de gouvernement sont tombés d'accord pour dire que le problème de l'immigration clandestine "était un problème humanitaire qui nécessite une solution européenne". "Nos frontières sont également celles de l'Europe et le trafic d'êtres humains ne cesse de frapper à nos portes", a ajouté M. Samaras. Pour sa part, le Premier ministre maltais, Joseph Muscat, a estimé qu'il était possible de mettre en place en Europe des documents de voyage et qu'une "politique d'aide au retour cohérente" était nécessaire. M. Muscat, qui a précisé qu'il espérait que la présidence grecque de l'Union européenne en 2014 "place la question de l'immigration au sommet des préoccupations", a également fait savoir qu'il avait des "propositions, des solutions et un plan clair à présenter" aux pays du sud de l'Europe d'ici la fin de la semaine. "On ne va pas trouver une solution à ce problème avec une baguette magique : nous avons besoin d'une politique commune", a-t-il conclu. Interrogé par ailleurs sur la proposition italienne d'une "task force" le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, a indiqué mercredi qu'"il faut accroître la surveillance aux frontières et "renforcer" l'agence européenne Frontex, n'écartant pas l'idée défendue par l'Italie d'une "task force". "La Méditerranée est devenue une espèce de cimetière à ciel ouvert, ce qui est dramatique", a-t-il déclaré à la presse à Barcelone. Laurent Fabius avait affirmé le 8 octobre, peu après les naufrages tragiques en Italie, que le budget de 50 à 60 millions d'euros par an de l'agence de surveillance des frontières européennes Frontex était "insuffisant". L'Italie a demandé des engagements précis, insistant sur le renforcement de Frontex et sur la mise en place, dans les délais prévus - début décembre - d'Eurosur, un système de surveillance des frontières de l'UE avec les pays de la Méditerranée.