La 5e édition du festival du théâtre international de Béjaïa, débutera, mardi, avec au programme un répertoire éclectique et de qualité, ouvert à tous les genres et faisant la part belle au théâtre ancien et au para-théâtre, qui supposent une participation active du spectateur. ‘‘Nous avons privilégié les visions créatrices et esthétiques des différentes cultures, en tentant de mettre en valeur leur multiplicité et leur particularité, pour une meilleure compréhension de leur environnement'‘, souligne le commissaire du festival, le dramaturge Omar Fetmouche. Une quarantaine de pièces, jouées par 250 comédiens et réparties sur 200 représentations y sont proposées au public qui, pour l'occasion, aura l'embarras du choix, pour suivre le chemin de ses inclinaisons et de ses curiosités. Les spectacles, retenus, ‘‘des pièces fortes et originales, se singularisant les uns des autres par leur forme esthétique, leur puissance, leur profondeur et leur poésie'‘, selon M. Fetmouche dont les faveurs, pour des raisons de pédagogie, penchent vers le para ou le pré-théâtre qui, de son point de vue, est toujours ‘‘porteur de grands frissons, car puisant ses rituels des fêtes et cérémonials populaires'‘. Dans ce registre, outre une nouvelle comédie musicale, produite par ‘‘Bazou'‘, le musicien attitré du TR Béjaïa, qui reprend la légende kabyle d'Anzar, ‘‘Le dieu de la pluie'‘ en chanson, le regard sera particulièrement porté sur la légende nippone de la cape céleste, ‘‘Hagorama'‘, jouée par la troupe Noh, composée de ‘‘vétérans'‘ du théâtre, et qui, de surcroit, est médaillée de l'étoile impériale pour ses performances dramatiques. En présence annoncée de l'ambassadeur du Japon à Alger, la troupe mettra au goût du jour, en effet, ‘‘une magnifique histoire d'amour entre une femme céleste et un pêcheur'‘, dont la magnificence est décuplée par une mise en scène très esthétique, relevée par des décors d'époque ancienne. La pièce rendant compte, en définitive, de la profondeur du Japon et de sa mémoire. ‘‘Ce sera des archives vivantes sur les planches'‘, a observé M. Fetmouche. Le cas vaut aussi pour ‘‘Lawine'‘ (avalanche), une farce dramatique du Kazakhstan, croquant ‘‘les conséquences absurdes de la dictature'‘. Craignant une avalanche, les habitants d'un village de montagne se calfeutrent par décret neuf mois durant, chez eux, n'en sortant que le reste de l'année pour festoyer et se réjouir, ne se rendant compte de cette farce des gouvernants que tardivement. Le prétexte, par-delà le motif politique de dénonciation, est naturellement saisi, pour livrer un véritable kaléidoscope sur les traditions, les rituels, et l'appétence à la vie du peuple kazakh. ‘‘Chacal, la fable de l'exil'‘ (France) s'inscrit aussi dans cette mouture esthétique du théâtre. Ecrite par Tassadith Yacine, et mise en scène par Jeremy Boschon, la pièce magnifie des fables, tirées de la mythologie berbère, pour mieux exorciser les injustices faites aux femmes et dérouler du coup, ‘‘l'histoire de la méditerranée depuis la Kabylie'‘. Pas moins d'une dizaine d'œuvres de cet acabit y sont programmées, au grand bonheur du public, qui par leur truchement, au-delà du plaisir et de l'émotion théâtrale va découvrir, des pans d'histoire et de civilisation dont la seule évocation est une source de voyage. Cette 5eme édition qui s'annonce à la fois festive et académique, puisqu'en parallèle il y est prévu un colloque international sur la pratique du théâtre ancien, va s'externaliser sur les neuf communes de la wilaya de Béjaïa, mais aussi sur nombres de wilayas, notamment Alger, Skikda, Batna, Annaba, Tizi-Ouzou, et Jijel, qui recevront, chacune, un ou deux spectacles, retenus au programme.