Le chef du principal parti d'opposition tunisien Béji Caïd Essebsi a fait appel jeudi au "soutien des pays amis et surtout de l'Europe" pour sortir son pays de la crise politique et lutter contre le terrorisme. La Tunisie a besoin d'un "soutien massif" pour sortir de la crise politique et lutter contre le terrorisme, a indiqué l'ancien Premier ministre Essebsi lors d'une rencontre à Paris avec l'Association de la presse diplomatique, estimant que les partenaires européens avaient jusque-là "fait défaut". "Nous avons besoin du soutien de nos amis, principalement l'Europe. On ne peut pas sortir la Tunisie de la crise sans un soutien massif", a-t-il insisté, rappelant les promesses du G8 de Deauville en 2011. Dans la foulée des révolutions dans des pays arabes à l'instar de la Tunisie, le G8 avait annoncé un plan d'aide de 40 milliards de dollars en faveur des "printemps arabes". "On nous a promis 25 milliards de dollars échelonnés sur 5 ans. La Tunisie n'a rien reçu", a assuré M. Caïd Essebsi, qui a dirigé le pays pendant la période transitoire entre la chute du régime de Ben Ali en janvier 2011 et les premières élections libres d'octobre 2012, qui ont porté le parti Ennahda au pouvoir. "La Tunisie peut avoir une gouvernance démocratique, il y a les ingrédients. Si ce soutien était venu, je pense que le pays aurait fait un pas en avant. Comme ce soutien a fait défaut, la Tunisie stagne", a-t-il déploré. M. Caïd Essebsi, 86 ans, qui était proche du premier président de la Tunisie indépendante Habib Bourguiba, est aujourd'hui chef du principal parti d'opposition tunisien Nidaa Tounes, qui compte de nombreux entrepreneurs et hommes d'affaires. La Tunisie est plongée dans une profonde crise politique après l'échec lundi de pourparlers entre le parti au pouvoir (Ennahda) et opposants pour désigner un nouveau Premier ministre. La suspension du dialogue national en Tunisie intervient alors que le pays est confronté à l'essor des violences terroristes qui ont culminé en octobre avec la mort de neuf policiers et gendarmes et deux attentats ratés qui ont visé pour la première fois des sites touristiques. En outre, deux opposants politiques dont un député ont été tués en février et juillet derniers, des assassinats attribués à la mouvance salafiste. "La Tunisie a besoin de soutien dans sa bataille contre le terrorisme", a également souligné M. Caïd Essebsi. "Nous avons perdu beaucoup d'hommes car les jihadistes sont mieux armés (que les forces de sécurité tunisiennes)", a-t-il dit.