Nombreux sont les chauffeurs de taxis urbains à Blida qui ne considèrent pas le compteur comme un outil déterminant le prix à payer par le client, mais plutôt comme un simple accessoire pour faire semblant de travailler conformément à la réglementation en vigueur. Aussi, nombre d'entre eux procèdent à l'installation d'un compteur dans le seul souci d'échapper à l'obligation de peindre leurs véhicules en jaune, tout en continuant à fixer les tarifs à leur guise. "On place les taximètres juste pour ne pas toucher à la couleur originale de nos voitures. Sans l'utilisation du compteur, nous serions obligés de les peindre en jaune et il nous sera alors difficile de les revendre plus tard", expliquent à l'APS plusieurs chauffeurs de taxis à Bab Essebt, Bab Dzair et Bab Ezzaouia. Reconnaissant qu'ils transgressent la réglementation régissant cette activité, ils expliquent également qu'ils recourent à ce procédé pour des questions liées à la rentabilité. "Si on applique les prix affichés par les taximètres, la rentabilité de notre travail sera sérieusement amoindrie. Même si on travaille à la place, cela ne nous arrange nullement", justifient-ils. Ce qui est encore aberrant est que ces derniers n'étei gnent jamais les taximètres, une mesure préventive pour parer à tout contrôle inopiné. "En cas d'arrivée de contrôleurs, nous nous mettons à l'abri de toute sanction, mais les clients savent que le prix de la course est fixé à l'avance", affirment-ils. En apparence, la réglementation est respectée à la lettre, alors qu'en réalité, elle est foulée au pied par ces transporteurs qui dictent, souvent, des tarifs exorbitants, notamment en début de soirée, où les bus de transport en commun brillent par leur absence. "Pour se déplacer entre Bab Dzair et la cité Brakni, sur une distance d'à peine cinq kilomètres, nous devons payer entre 150 et 200 dinars ! C'est vraiment trop, ces taxis disposent de compteurs mais ne travaillent jamais avec", rouspètent plusieurs citoyens, appelant les autorités concernées à intervenir pour mettre un terme à cette anarchie. Une aubaine pour les clandestins Outrés par cette attitude "malveillante" des chauffeurs de taxis, une bonne partie de Blidéens optent pour les services de transporteurs exerçant de façon illégale, appelés communément les "clandestins". Ces derniers qui envahissent, de leur côté, les "coins stratégiques" de la ville, notamment en fin de journée, sont largement sollicités, au vu des tarifs concurrentiels qu'ils appliquent. "Avec un clandestin, les prix sont largement inférieurs à ceux des taxis. Nous avons aussi la possibilité de payer à la place, en cas d'existence de quatre voyageurs pour la même destination", confient, à cet égard, plusieurs citoyens. Entre Bab Ezzaouia et Beni-Tamou, par exemple, un taxi légal exige 500 DA, alors qu'un clandestin effectue la course pour seulement 300 DA. Une différence sensible, ce qui donne l'avantage aux transporteurs illégaux, qui tirent profit de cette transgression de la réglementation en vigueur par les chauffeurs de taxis. "Nous savons pertinemment qu'il vaut mieux prendre un taxi pour être protégé par la loi en cas d'incident, mais les tarifs exagérés dépassent notre pouvoir d'achat", insiste un citoyen, estimant que seule l'application vigoureuse de la réglementation est à même de parer à cette situation préjudiciable à tous. Fin 2013, l'ultimatum de la direction des transports Le directeur des transports de la wilaya, Mokhtar Merzoug, a indiqué à l'APS que ses services sont au courant de cette "violation de la loi par les chauffeurs de taxis", ajoutant que si les concernés ne se soumettent pas à la réglementation d'ici fin 2013, de lourdes sanctions seront prises à leur encontre. "En juin dernier, nous avons mis en demeure l'ensemble des taxis, les appelant à exercer conformément à la loi. Plusieurs réunions ont été tenues, jusque-là, avec leurs représentants afin de les amener à respecter la réglementation", a-t-il encore précisé. Les sanctions pourront aller jusqu'au "retrait de la licence d'activité", a souligné M.Merzoug, ajoutant que la direction des transports veille également à défendre les droits des citoyens. Le manque de contrôleurs a favorisé ces pratiques "regrettables", a encore observé le même responsable, précisant que la wilaya de Blida a besoin de huit (8) inspecteurs pour assurer le contrôle de toutes les stations, alors qu'elle ne dispose que de trois (3) éléments actuellement.