Depuis lundi, les taxis collectifs savent à quoi s'en tenir : ils doivent se présenter au service des taxis auprès de la police pour choisir la ligne à exploiter ou, le cas échéant, opter pour un taximètre. Cette réponse a été donnée aux personnes qui se sont présentées au service concerné situé à Bab-Ezzouar après la confiscation de leurs documents. “Les autorités viennent de prouver que la confiscation de nos papiers a été décidée par des responsables”, affirme un taxi qui venait d'obtenir la convocation pour aujourd'hui à Bab-Ezzouar. “Les grévistes malgré eux” ne comprennent pas la logique des décideurs qui “veulent annuler le décret instaurant le taxi collectif, par une simple décision administrative, ce qui est contraire à la loi.” “Je ne comprends pas pourquoi les collègues qui travaillent avec le compteur ont un délai jusqu'au 15 août, alors que nous, on nous met le couteau sur la gorge”, dit Krimo, un chauffeur de taxi réduit au chômage, car ses documents sont toujours chez la police. Les taxis ne savent plus à quel saint se vouer, eux qui veulent continuer à prendre 20 dinars par place, ce qui arrange une clientèle de travailleurs pour qui ce moyen de transport est un “bus en miniature”. “Je refuse d'opter pour le compteur, car je me retrouverai en chômage. Seuls les nantis pourront payer le prix fort suite aux augmentations des tarifs décidées pour tuer notre activité”, soutient un chauffeur. “Nous ne sommes pas en grève, mais la direction des transports nous contraint au chômage suite à la décision du directeur des transports de la wilaya d'Alger qui a demandé aux policiers de nous enlever nos documents”, c'est ce que déclare un autre chauffeur de taxi rencontré, hier, à la station de la place du 1er-Mai à Alger. Cette dernière connaît une grande affluence, mais très peu de taxis. “Je viens d'arriver d'El-Biar et j'ai dû débourser 70 dinars, car j'ai pris un taxi individuel qui n'a pas raté l'occasion de se faire de l'argent en faisant payer la même somme aux trois autres usagers montés avec moi”, affirme, outrée, une femme. Celle-ci ajoute : “regardez les policiers, ils ne disent rien aux taxis individuels qui font du jumelage au su et au vu de tout le monde.” Pour espérer trouver une place, les usagers doivent jouer des coudes pour pouvoir monter dans les rares véhicules jaunes qui se présentent. À noter qu'aucun taxi collectif assurant les liaisons avec le Golfe, El-Biar et Hydra, n'est en service. Les chauffeurs sont sur les lieux, mais ils ne peuvent travailler sans papiers. Les clients n'arrivent pas à comprendre les raisons qui ont poussé le directeur des transports à instaurer de nouvelles règles qui sont autant d'obstacles dressés devant des citoyens réduits à prendre des taxis collectifs. D'autre part, les rumeurs les plus folles circulent parmi les conducteurs de taxi collectif. Ils pensent que ces nouvelles directives ne sont pas tombées par hasard, mais sont promulguées dans le but de permettre à quelques privilégiés du système de réaliser de gros bénéfices. “Nous savons que des taximètres ont été importés. Ainsi, ils vont assurer leur vente à 11 000 dinars l'unité, alors que les prix actuels ne dépassent pas les 6 000 dinars”, déclare un conducteur de taxi collectif convaincu qu'on veut supprimer le créneau pour les obliger à acheter les nouveaux taximètres. Par ailleurs, nous avons tenté de rencontrer le directeur des transports, hier après-midi. Mais, il était absent pour une mission d'inspection. S. I.